Karl Marx, célèbre théoricien et polémiste hor-pair, a dit que l’histoire ne se répète pas. Il précisera ensuite que si elle doit bégayer souvent, il s’agira, pour la première fois, d’une tragédie, et, pour la seconde fois, d’une farce. S’il était encore de notre monde, il aurait certainement mis à l’index des partis politiques maliens et la CEDEAO en les accusant de tragi-comédie qui les conduit à la farce, laquelle les réoriente vers la tragédie. Et la tragédie pour nos chapelles politiques, c’est justement de s’enfermer dans un confinement tel qu’elles ne seront visibles que par les déclarations urbi et orbi de quelques caciques qui, lorsqu’on leur offre demain un strapontin dans le gouvernement ou ailleurs, recourent vite à la muselière ou gardent la langue bien pendue mais pour laver à l’eau de rose leurs déclarations fracassantes et autres phillipiques incendiaires d’hier. C’est toujours ainsi, depuis trente ans, que ces GRANDS ACTEURS POLITIQUES courent toujours après une ombre et l’on sait que cet activisme peu honnête conduit le plus souvent à lâcher la proie pour l’ombre.
Le Cadre d’échanges des partis politiques et regroupement de partis politiques a ainsi cru devoir, malgré les sollicitations répétées du Président de la Transition, boycotter les Assises Nationales de la Refondation qu’il juge de trop, onéreuses et même inutiles. Qu’ils ont la mémoire courte ces politiciens ! L’idée des ANR n’est pas une trouvaille nouvelle, elle date de l’ère IBK, que chacun dépoussière seulement les archives. Dans son adresse à la nation dans la nuit du 08 au 09 juillet 2020, s’arc-boutant sur la CEDEAO, Ibrahim Boubacar Keïta fait trois proposions phares pour une improbable sortie de la crise qui ébranle son régime, qu’il a appelées “idée forces”. La deuxième est : “entreprendre les réformes institutionnelles convenues et, ce, dans un délai de 12 mois, afin de mettre en adéquation les demandes de notre peuple et les engagements du gouvernement, et nous doter de textes appropriés en capitalisant sur trente ans de vécu institutionnel” (voir L’Essor n° 19200 du jeudi, 09 juillet 2029). Avons-nous bien lu : “réformes institutionnelles convenues…en capitalisant sur trente ans de vécu institutionnel” ? Il faut relever que cette proposition est venue alors que la Conférence Nationale d’Entente (CNE) et le Dialogue National Inclusif (DNI) avaient vécu, disons depuis longtemps.
Mais il faut surtout relever que les réformes institutionnelles convenues… capitalisant sur trente de vécu institutionnel” dont a parlé IBK ce jour, avant de faire flinguer 48 heures après les manifestants aux mains nues, ne sont pas tombées des nues. C’était bien, comme il l’a martelé, “une demande de notre peuple et les engagements du gouvernement” que la CEDEAO avait du reste exigée.
En effet, à la suite de la grave crise post-électorale de 2018, au mois d’octobre de la même année, la délégation ministérielle de médiation de la CEDEAO, conduite par le Ministre des Affaires étrangères du Nigéria, avait conclu dans son rapport : “…Avant d’entreprendre toutes élections, le gouvernement doit faire les réformes politiques et institutionnelles nécessaires.” Aujourd’hui, il est aisé de comprendre que c’est parce le Gouvernement d’IBK avait refusé d’entreprendre lesdites réformes qu’a éclaté la crise post-électorale de 2020, qui a fini par l’emporter, son régime aujourd’hui. Aujourd’hui encore, le Gouvernement Assimi GOÏTA veut mettre en œuvre lesdites réformes politiques et institutionnelles, à travers les ANR et l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections ( AIGE). Ce à quoi s’opposent, avec l’énergie du désespoir, les tenants de l’ancien régime adossés à la CEDEAO, à la France et à l’Occident mal pensant. Eh bien, les ANR débutent dans trois jours, le 11 décembre, et la CEDEAO, qui se réunira le lendemain à Accra sur le cas de notre pays, est libre de ses sanctions.
Amadou N’Fa Diallo