Editorial : Le temps des turbulences

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La situation sociale s’est dégradée par là où les Maliens l’attendaient le moins. On surveillait tous le mercure social du côté de l’école, ou du Nord ou même du pain ; et voilà que ce sont les transporteurs qui s’invitent, sans crier gare. Et le moins que l’on puisse dire est qu’ils ont parfaitement réussi leur coup. Rien n’y fait ; pas même ce qu’on pourrait assimiler à des tentatives de sabotage ou de démobilisation.

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En effet, à la veille de la grève, le directeur national du Transport et quelques responsables syndicaux de transporteurs s’étaient invités à la télévision pour déclarer que tous les points de revendication étaient satisfaits…sauf un. Or Malheureusement, il semble que le point qui n’a été pas été satisfait pesait lourd dans la balance. Et les usagers des transports urbains et interurbains se sont vus infliger une pénible journée de marche. Malgré la solidarité qui prévaut en de pareilles circonstances, il était impossible de ne pas remarquer que la marche des affaires a été quelque peu paralysée et que ça ne tournait pas rond pas dans la ville.

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Le gouvernement qui semble tourner en rond en attendant la fameuse lettre de cadrage du président de la République aurait tort de minimiser les conséquences de la grève des transporteurs et pourrait voir à sa suite s’étaler d’autres problèmes. Sur le double plan financier et psychologique, les retombées de la grève des transporteurs mériteraientd’être examinées avec une attention soutenue et un grand intérêt.

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S’il ne le sait pas encore, nous informons le gouvernement que les menaces de grèves pendent dans presque tous les secteurs. Et le coup des transporteurs pourrait bien faire tomber les scrupules qui semblent retenir ceux qui croient encore aux chances d’un dialogue. Pour ne pas effrayer ceux qui viennent à peine d’arriver aux affaires, on pourrait se limiter à la hausse prochaine du prix du pain. Les boulangers, malgré la première mesure qui avait consisté à faire subir une cure d’amaigrissement au pain, estiment que rien ne peut empêcher l’augmentation du prix du pain. Les conséquences d’une telle mesure sont tout simplement inconnues à ce jour parce que personne ne peut présager du comportement des consommateurs qui, en silence, estiment que trop c’est trop.

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Mais il y a deux gros problèmes qui méritent un peu plus de cohérence dans la démarche des autorités. Il y a d’abord celui de l’école notamment au niveau de l’enseignement supérieur. La libération des étudiants de la FMPOS survenue le lundi dernier ressemble à un éclairci dans un ciel lourd. En effet, les examens qui se dérouleront en début de semaine au niveau de cette faculté ne devraient pas être l’arbre qui cache la forêt. Parce qu’après les examens, il faudrait corriger les épreuves avant de songer à terminer l’année scolaire et avant de songer à l’année prochaine.

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Or à ce niveau, le syndicat de l’enseignement supérieur est catégorique : tant que le gouvernement ne résout pas le dernier point (encore un point) de leurs doléances, il serait illusoire de penser à la reprise des cours. A côté de l’école, il y a hélas le désormais fameux problème du Nord. A ce niveau, il est frappant de constater que les déclarations des autorités se suivent et ne se ressemblent pas quand elles ne se contredisent pas. Bahanaga le terroriste dont on ne connaît que le caractère fantaisiste des revendications se trouve en face d’interlocuteurs qui ne parviennent pas à dire clairement ce qu’ils veulent. Le terme terroriste a disparu du vocabulaire officiel et le président de la République semble prêt à l’absoudre malgré les atrocités dont il s’est rendu coupable.

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Comme on le voit, avant même que de commencer, le gouvernement est pris dans les turbulences  inégale amplitude.

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Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga

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