Editorial : Le temps des hérésies

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Sous l’inquisition, ceux qui étaient considérés « hérétiques » devaient soit se renier publiquement selon un rituel qui est resté gravé dans les esprits bien de siècles après, soit choisir de griller sur un bûcher. Parfois même, l’un n’empêchait pas l’autre. A l’Adéma, certains responsables ont beaucoup lu et certainement beaucoup retenu de cette funeste période. C’est la seule explication qu’on peut donner à l’exclusion du parti de Soumeylou Boubèye Maïga, premier vice-président et membre fondateur de l’Adéma. La même sanction s’est abattue sur quatre autres membres du Comité exécutif, en attendant que la direction du parti ne procède à une purge en règle, conformément aux pouvoirs anti-statutaires que la Conférence nationale vient de lui attribuer.
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Les délégués à la Conférence n’ont fait qu’entériner une décision déjà mûrie par le CE. Les actes d’indiscipline reprochés aux exclus se résument à deux points. Primo, d’aller contre l’orientation du parti qui a choisi ATT comme candidat ; secundo d’animer à travers Convergence 2007 un courant au sein du parti avec en prime la volonté de Soumeylou Boubèye Maïga de se présenter aux prochaines élections présidentielles. Comme on peut le constater, les actes sont tout simplement rédhibitoires.

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Mais Soumeylou et les autres responsables exclus pourraient s’estimer heureux parce qu’ils ont échappé à pire. En effet, au cours de la Conférence nationale, certains parmi ceux qui se sont érigés en censeurs d’un jour, ont souhaité que les coupables soient traînés devant eux afin qu’ils puissent sinon expier leur crime du moins s’expliquer et entendre par eux-mêmes ce qu’on leur reproche et peut-être au passage d’essuyer quelques éclaboussures de salive d’indignation. Or n’en déplaise à ceux qui ont poussé à la sortie Soumeylou et les autres militants, à l’état actuel des statuts du parti, choisir ATT comme candidat constitue une violation flagrante des textes qui régissent l’Adéma. Le sortilège qui consiste à arguer qu’il y a des décisions statutaires et des décisions politiques, ne résiste pas à l’analyse. En effet, quelle que soit la valeur d’une décision, si elle ne repose pas sur les textes fondamentaux du parti, elle est nulle car ne correspondant pas aux normes établies et admises.

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Ce qui s’est passé est tout simplement navrant pour un parti qui s’est bâti fondamentalement pour défendre avec l’intransigeance requise la liberté d’opinion qui se trouve expressément garantie par ses statuts. Mais cela ne surprend pas grand monde quand on connaît la nature réelle d’une frange assez importante des dirigeants actuels de l’Adéma. Pour eux, la liberté d’opinion n’est limitée qu’à leur seul bénéfice et ne peut qu’être mal utilisée quand ceux qui osent en user sans leur autorisation s’écartent d’une certaine pensée unique dont ils sont les dépositaires. Ils n’ont besoin d’aucun mandat, sûrs que rien ni personne ne peut les interpeller.

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Ce qui ne les empêche quand même pas d’avoir le front de juger qu’il faut être un indiscipliné pour oser penser différemment d’eux. On se rappelle que lors des élections présidentielles de 2002, certains membres de la direction de l’Adéma sont passés à l’ORTM es-qualité pour dire qu’ils sont bien de l’Adéma mais qu’ils appelaient à voter contre Soumaïla Cissé, le candidat de l’Adéma. Et pourtant ce sont les mêmes qui aujourd’hui, excluent à tour de bras ceux qui estiment qu’un grand parti comme l’Adéma, à défaut de présenter son propre candidat, peut au moins respecter ses textes.

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Les censeurs d’un jour promettent que ces exclusions et celles à venir seront sans conséquence pour le parti. C’est ce qu’ils avaient dit quand IBK et ses amis avaient plié leurs bagages et c’est ce qu’ils avaient répété après le départ de Soumaïla Cissé et de ses hommes. Avec le résultat qu’on connaît.

rnElhadj TBM

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