Le Maroc croit en l’Afrique, qui n’a jamais été aussi attractive que ces dernières années et qui promet de l’être plus encore les décennies à venir.
Tous les organismes internationaux de financement, y compris le FMI et la Banque Mondiale, les cabinets d’études les plus réputés, les analystes économiques les plus avertis s’accordent sur un même constat : avec le 21ème siècle naissant, le continent est entré dans une ère de croissance relativement forte, régulière et durable. Selon une étude élaborée par le Cabinet Mckinsey Global Institute sous le titre ” L’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne ” son taux de croissance a oscillé autour de 6% sans interruption entre 2 000 et 2 009. Il devrait être de 4.5% en 2 012, 4,8% en 2 013 et se situer autour de 5,8% de là à 2 020. Avec 1 600 milliards de dollars US en 2 009, son PIB équivalait à celui du Brésil et de la Russie.
Mckinsey explique cette formidable avancée de l’économie africaine par ”l’amélioration de la stabilité politique et les reformes économiques ” auxquelles les différents Etats se sont prêtés. Lesquelles ont consisté en ‘‘la réduction de l’inflation, des dettes extérieures et des déficits budgétaires, jetant les bases d’une croissance saine”. A le croire, outre le phénomène conjoncturel de la remontée des cours des matières premières qui a participé à cette progression à hauteur de 24%, les autres secteurs qui y ont contribué sont les services financiers (24%) les ressources naturelles (7,1%) les BTP (7.5%) les activités touristiques (8,7%).
De son côté, le Cabinet Ernst Yang relève que les investissements directs étrangers (IDE) en Afrique en provenance des pays émergents sont passés de 100 projets en 2 003 à 240 projets en 2 010, soit une hausse annuelle de 13%. Il prévoit un flux de 150 milliards de dollars U$ d’ici à 2 020.
Selon les prévisions des spécialistes, la croissance africaine sera portée dans les prochaines années par quatre secteurs.
– Les matières premières (pétrole, gaz, minerais, produits agricoles) avec une préférence pour les industries extractives chez les investisseurs. A cet égard, ils rappellent que le sous-sol du continent renferme 10% des réserves mondiales de pétrole, 40% des gisements en or et 90% du chrome et du platine. Ce secteur devrait rapporter 540 milliards de dollars U$ en 2 020 contre 430 milliards de dollars U$ actuellement.
– Les biens et services de consommation. Ce secteur se développe deux à trois fois plus rapidement qu’en Europe. Mckinsey note que les ménages africains ont dépensé 860 milliards de dollars U$ en 2 009 davantage que les ménages indiens et russes.
– Les infrastructures. Les gouvernements et opérateurs économiques privés investissent chaque année 72 milliards de dollars U$ dans ce secteur. Pourtant les besoins non couverts, notamment pour l’approvisionnement en eau et en électricité, restent importants. Ils sont évalués à 46 milliards de dollars U$.
– Enfin l’agriculture. L’Afrique possède 60% des terres arables non cultivées du monde, mais pour qu’elle puisse nourrir sa population, elle a besoin d’opérer une révolution verte, précédée d’une reforme en profondeur du secteur. Le tout va générer un chiffre d’affaire additionnel de 275 milliards de dollars U$.
C’est cette dynamique de croissance qui a remis l’Afrique au centre de l’intérêt du monde. Les grandes puissances, qui s’étaient détournées d’elle et les pays émergents en quête de matières premières et de débouchés pour leurs produits manufacturés et leurs services ou de marchés pour fructifier leurs capitaux accourent vers elle.
Pays africain, lié par l’histoire et la culture à nombre d’Etats subsahariens, le royaume du Maroc possède déjà ce premier atout non négligeable pour se positionner sur le marché continental. S’y ajoutent d’autres dans les domaines agricole, industriel, artisanal, des services, de la formation, du savoir-faire etc.
C’est ainsi que, mettant à profit le retour en force opéré par le roi Mohammed VI auprès des amis et alliés traditionnels du Royaume chérifien, les grands groupes bancaires marocains vont prendre pied en Afrique de l’ouest et en Afrique centrale. A ce jour, Attijariwafa Bank, la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE) et le groupe Banque populaire possèdent dans ces deux régions voire au-delà plusieurs filiales qui confortent leurs chiffres d’affaires.
La réussite des banques marocaines sur le marché subsaharien a encouragé les compagnies d’assurance du royaume à y étendre leur activité. En acquérant le Groupe Colina, premier assureur de la zone CIMA (Conférence Interafricain des Marchés d’Assurance) Saham Finances a assuré (c’est le cas de l’écrire) son implantation simultanée dans 12 Etats. Tout récemment, Wafa Assurance, filiale du Groupe Attijariwafa Bank, vient de lui emboiter le pas en rachetant les 75% du capital de Safa (Solidarité Africaine d’assurances) une société ivoirienne, ce qui lui permet également d’accéder à la zone CIMA, un marché de quelque 200 milliards de FCFA (toutes branches confondues).
Les Marocains évoluent dans bien d’autres secteurs en Afrique : le Groupe Maroc Telecom est implanté en Mauritanie avec Mauritel, au Mali avec la SOTELMA SA, au Burkina Faso avec ONATEL et au Gabon. L’ONEP (eau) est présent au Cameroun, l’ONE (électrification rurale) développe ses activités dans plusieurs pays. Dans le BTP, le Groupe CCGT a exécuté un marché agricole en Guinée et détient un contrat d’aménagement routier au Sénégal. Dans le secteur minier, Menagem, filiale de la SNI, exploite des gisements dans plusieurs pays sahéliens.
L’expertise marocaine en monétique est appréciée jusqu’à l’île Maurice. Et ce n’est qu’un début.
Saouti L HAIDARA