« La Cour statuant publiquement, contradictoirement en matière correctionnelle et en 1er ressort ; déclare le prévenu non coupable de diffamation et le relaxe des fins de la poursuite. Met les dépens à la charge du plaignant.»
Ce verdict du Tribunal de Première instance de la Commune II sonne l’hallali de Soumeylou Boubèye Maïga, l’enfant maudit de la démocratie malienne. Justice pour les pauvres, justice (enfin !) pour la horde des fripons qui a pillé les ressources du Mali pendant plus d’une dizaine d’années.
« Le Sphinx » est fier d’être le premier journal à gagner un procès en diffamation au Mali et en Afrique Occidentale. Ceci, plus est, contre le journaliste de formation qui a fait le plus de mal à la jeune presse privée du Mali. En la corrompant ou en la terrorisant avec les moyens dont il disposait à la SE. Ou en la détruisant à chaque fois qu’il avait en face de lui une résistance quelconque. Il a battu un triste record, celui d’avoir fait disparaître plus de 150 journaux en 10 années de pouvoir Adéma.
Nous dédions cette victoire de la liberté de la presse à tous nos confrères qui ont été à nos côtés lors de cette joute juridique qui ne fait que commencer. Nous dédions cette victoire surtout à feu Adama Traoré, des « Echos » puis de « L’Autre Hebdo » à qui le cynique et tout puissant DG Boubèye a intenté son premier procès en diffamation. A Toumani Djimé Diallo de « La Nation » pour avoir eu le courage de dénoncer les frasques et les abus du barbouze en chef de régime Konaré. A Mademba N’Diaye, aux confrères de Sud Communication du Sénégal, à nos dix confrères burundais actuellement en prison. A feux Dayda Haïdara, à Norbert Zongo, tous deux lâchement assassinés pour avoir eu le courage de dénoncer les dérives de nos dirigeants.
Jusqu’à la veille du procès, notre sarcastique adversaire était prêt à retirer sa plainte à condition que nous fassions "un petit papier " pour le disculper. « Un petit papier » pour faire un tiret sur des accusations aussi graves. Quel cynisme ! En réalité l’homme véritablement aux abois jouait son dernier coup de bluff, de poker menteur. Ayant un mépris viscéral envers la presse malienne, Boubèye pensait que nous étions sans doute manipulés, comme il a toujours, lui-même manipulé plusieurs de nos confrères qui continuent aujourd’hui d’être ses affidés et ses thuriféraires. Ce qui explique le black-out d’une certaine presse sur le verdict. Une certaine presse abonnée aux connivences et révérences, incapable de donner une information, fusse-t-elle neutre et impartiale. Quelle honte !
Nous l’avons dit. Nous sommes et ne serons jamais les fantassins de qui que ce soit. Nous avons choisi de faire du journaliste honnête, sans haine, sans passion, d’une manière professionnelle, en respectant des principes, en nous imposant une morale, un code d’honneur et des règles.
Au moment où il portait plainte, l’âme damnée de Konaré ne pouvait pas imaginer un seul instant qu’un journaliste malien puisse faire son boulot et rien que son boulot. L’exécuteur des basses œuvres du régime Adéma ne pouvait pas imaginer, un tant soit peu, qu’un journaliste puisse faire son boulot sans être acheté, sans être manipulé. C’est dramatique. Il doit désormais penser l’inverse. Et compter avec « Le Sphinx », son objecteur de conscience.
Adama Dramé
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