Editorial : Le cœur du débat

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La scène politique a connu un brusque coup d’accélération le week-end dernier. Pas seulement à cause de l’investiture de Tiébilé Dramé comme candidat de son parti ; depuis le dernier congrès extraordinaire, l’affaire était pliée et son officialisation n’était plus qu’une question de jours. Pas non plus à cause du RPM qui a tenu un séminaire international dont l’objectif est d’outiller les participants afin de pouvoir contrecarrer toutes les techniques de fraudes ; cela va de soit que s’organiser quand on veut grimper sur la colline. Ce n’est pas non plus à cause du meeting du mouvement citoyen ; il en fait tous les jours et avec le même slogan : « takokélen » pour ATT dont il implore la candidature. Ce qui est nouveau et qui est survenu ce week-end, c’est le ton des discours. Notamment le ton du discours du Parena. Mieux ciblé, plus tranchant, le discours tenu par le Parena lors de l’investiture de Tiébilé est sans concession parce qu’au cœur du débat et des enjeux à venir.rn

En des mots choisis et précis, Tiébilé et ses hommes ont osé porter publiquement et solennellement le message du petit peuple confiné depuis quelques années dans les murmures et les chuchotements. Le petit peuple parle de l’école malienne faite de bric et de broc faisant même honte aux illusions. Le petit peuple parle de cette corruption éhontée qui a atteint un stade industriel. Le petit peuple parle du chômage qui frappe les jeunes, diplômés ou non, à qui on fait on offre des emplois précaires qui se révèlent être de véritables miroirs aux alouettes. Le petit peuple parle de la pauvreté, de sa pauvreté qui le contraint à se serrer la ceinture, à s’ajuster au point de ne plus pouvoir manger décemment. Le petit peuple assiste aux agissements des amis de ATT qui se comportent comme en territoire conquis. Le petit parle de la famille, la famille présidentielle qu’elle observe dans ses œuvres qui ne sont pas seulement que de bienfaisance. Le petit peuple regarde alors vers la colline de Koulouba pour se rendre compte que son Président est comme détaché des réalités tout à son nirvana complètement inaccessible aux Maliens. C’est ce message là que le Parena a porté haut le dimanche dernier.

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Là est le cœur du débat. Là se trouve le débat auquel ceux et celles dont l’ambition est de remplacer ATT compte l’y convier. Celui-ci, tout à ses

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inaugurations et aux chantiers importants ouverts pour le développement de notre pays, ne saurait esquiver ni contourner ces interpellations. Ceux qui brandissent les réalisations enregistrées sous le mandat de ATT à longueur de journée comme passeport pour 2007, devront trouver des réponses claires à ces questions qui taraudent les Maliens. Désormais le discours ne sera plus unique. La dissonance que le Parena et les autres comptent apporter risque de perturber les plans. Avec l’avantage pour ceux qui iront à l’assaut d’être

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pluriels et unis. Contrairement aux amis du Président qui étalent chaque jours ce qui les divise et continuent à se crêper le chignon dans un spectacle où apparaît très peu l’intérêt général. Clamer uniquement le slogan « takokélen » tout en s’abritant avec précaution derrière le seul nom de ATT pourrait ne pas suffir pour échapper au regard et à la sanction du peuple, du petit peuple. Ceux qui estiment que ATT a atteint son seuil d’incompétence ont campé le débat : sauver la République, la Démocratie et la morale publique. Que la fête commence ; qu’elle soit belle et conviviale.

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Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga

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