Puisque nous sommes bien obligés de nous accrocher à quelque chose dans l’interminable crise scolaire, alors accrochons nous aux images que nous voyons depuis la reprise des cours suite à la trêve de 15 jours décrétée. Et bien, nous voyons des étudiants heureux de repartir à l’école. A pied, à moto, en voiture, ils ont pris d’assaut les facultés et les différents lieux de cours (la salle de cinéma Bakaïna par exemple à Sogoniko). Ceux qui s’étaient retirés dans leurs villages sont revenus ventre à terre.
Tous s’accrochent à l’espoir, certes mince, que cette reprise pourrait favoriser la sortie définitive de la crise. Tous pensent que cette trêve n’est qu’une stratégie pour permettre aux syndicats d’assouplir leurs positions sans perdre, totalement, la face. Alors faisons comme les étudiants et accrochons nous à l’espoir que malgré les menaces et les incompréhensions, l’année scolaire pourra être sauvée.
Mais les étudiants ne sont pas les seuls à croiser les doigts et à prier. Il y a leurs enseignants notamment les doyens des facultés. Comme les étudiants, ils étaient tous heureux de la reprise des cours. Et à l’unisson, ils ont déclaré qu’un arrêt des cours, ne serait-ce que de quelques jours, compromettrait irrémédiablement l’année universitaire. Pour que l’année soit effectivement sauvée, selon eux, il faudrait que les cours se fassent de manière continue jusqu’au mois de décembre. Donc croisons les doigts et prions.
Sur le front des négociations, les syndicats et le gouvernement sont dans une approche d’apprivoisement. Les premiers sont convaincus d’avoir gagné une première manche dans la mesure où, quand le Premier ministre refusait de les recevoir, ils ont pu obtenir une audience du Président de la République. Le second lui, semble toujours sur la défensive. Lors de la rencontre qui s’est déroulée à la Primature le vendredi dernier, nous avons pu voir le Premier ministre remercier les syndicats d’avoir acceptée la trêve proposée par le président de la République et de les inviter à moduler leur démarche dans la mesure où l’Etat ne peut pas tout donner. Nous avons vu le Premier ministre supplier pratiquement les syndicats de lui faire confiance. Or c’est justement à ce niveau que le bât blesse. En effet, la rupture de confiance intervenue entre les syndicats et le gouvernement est devenue un problème presque insurmontable. C’est d’ailleurs ce qui avait poussé les syndicats à grimper sur la colline. Et rien ne dit que les syndicats qui ont vu le salaire de leurs militants gelés accepteront de ranger ce fait d’arme du gouvernement dans la case des pertes et profits. Sans compter les humiliations dont ils disent avoir été victimes durant leur grève.
Mais comme il n’est pas interdit de rêver, alors rêvons à haute voix que les différents protagonistes transformeront l’essai de la trêve. Rêvons et accrochons nous à l’espoir que les uns et les autres pourront mettre les difficultés de côté pour sauver l’école. Sinon notre rêve virera au cauchemar.