Editorial : La presse malienne s’effondre dans la refondation de la nation

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Ça y est, nous y sommes ! Assise par terre pour non versement de l’aide publique depuis trois ans, on est dans la dynamique de basculer la presse malienne dans la boue en empêchant les organes d’avoir le peu de contrat dans les services publics. Tentative de lui faire perdre ses canines ? Le vase est déjà plein, il reste maintenant de le faire déborder par la goutte d’eau.

Les journalistes n’ont, comme exutoires, que la plume et le micro. C’est pour ne pas mourir. Hommes de média du Mali, qu’avez-vous fait pour mériter l’assommoir dans une société où on crie à la refondation à tous bouts de champ ? Ce mot est écrit sur tous les objets. Il est familier même à la faune et la flore. Les journalistes qui lui ont donné ses lettres de noblesse sont en train d’en être victimes.

Cette corporation qui s’appauvrit au fil des ans a toujours été au rendez-vous de toutes les grandes luttes. « Tous les moyens sont bons lorsqu’ils sont efficaces », disait Jean-Paul Sartre. Les uns et les autres se servent de la presse malienne pour atteindre leurs objectifs. Une fois cela fait, ils font comme le dit le proverbe : « La fête terminée, adieu le Saint ».

Du coup, cette presse qui se bat dans son combat de sentinelle de la démocratie et la bonne gouvernance est aujourd’hui surprise d’être étonnée de l’attitude de certaines personnalités à son égard. Elle est en passe d’être jetée dans la poubelle comme une orange pressée.

Depuis l’avènement de la démocratie au Mali, la presse a été de tous les rendez-vous. Pour faire éclater la vérité au grand jour, l’accompagnement des marches de protestation des hommes politiques après les élections controversées, la presse a toujours répondu présente pour jouer le rôle qui est le sien. Mais aujourd’hui, elle devient la parente pauvre de ce combat démocratique le temps de la transition politique. La presse mérite-elle un tel sort ? C’est du moins la colle qui revient en leitmotiv, chaque fois que la question de l’appauvrissement de la presse s’invite dans les débats.

Les alliés politiques du PM Choguel se montrent plus que jamais solidaires aux journalistes. Dans son adresse à la presse lors de sa présentation des vœux, le président du parti du soleil levant, Me Mountaga Tall, a été on ne peut plus clair. « Je le redis, l’aide publique à la presse, revue à la hausse et mieux encadrée, pourrait à cet égard être un début de solution », dit-il.

Son homologue de la Ruche, Marimantia Diarra ne dira pas le contraire en s’adonnant au même exercice. Il a lancé un appel aux autorités leur demandant d’accompagner la presse. « L’Adema Pasj réclame avec insistance et beaucoup de force le maintien du financement public à la presse ». Ces responsables politiques ont la même vision pour l’épanouissement de la presse malienne.

Pour faire face à l’ennemi aujourd’hui comme hier dans la lutte contre les forces du mal, le sentiment patriotique des soldats de l’information n’a jamais fait défaut. Ils l’ont manifesté dans les colonnes de journaux et sur les ondes des radios et télévisions.

L’heure ne doit pas être à de telles pratiques permettant à la division d’avoir le vent en poupe. « On ne viole pas une tradition de longue date », apprend-on dans le conte Kaïdara de Amadou Ampaté Ba. Les conséquences ont été fâcheuses pour celui qui l’a transgressée. Le texte imaginaire a toujours été le reflet d’une société donnée.

Bazoumana KANE

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