Toute fin de mandat présidentiel correspond à une fin de régime. Les prémices sont ente autres : la fuite des courtisans, la rareté progressive des visiteurs, les retournements de vestes etc…
Le président CHIRAC et chez nous le président KONARE peuvent nous décrire cette situation dans des romans à plusieurs tomes. Ce qui est singulier dans ce contexte, c’est la situation de l’actuel locataire de Koulouba. Voilà un Amadou Toumani TOURE, qui a été plébiscité par son peuple en 2002 ; il reste, pour les observateurs à l’extérieur du Mali, un modèle de Chef d’Etat, mais pour ses concitoyens il s’agit véritablement de l’épreuve de Jésus portant la couronne d’épines sur le chemin de croix pendant trois (3) longs petits mois dont l’issue s’avère incertaine et périlleuse.
Cette situation étreint tellement les personnalités concernées que le président KONARE n’a pas pu s’empêcher, vers la fin de son second mandat, d’exprimer à haute voix qu’il restait le président du Mali jusqu’au 8 juin 2002 et qu’il entendait l’assumer jusqu’au dernier jour : aveu d’impuissance.
Dans le Mali de l’an 2012, qu’elles sont les raisons objectives qui nous poussent dans les supputations, bien que la fin du mandat soit plus loin dans le temps ?
«L’INTER de Bamako» retient la mauvaise gouvernance caractérisée par la corruption financière et la légèreté des mœurs politiques, l’incapacité des gouvernants à maîtriser le coût de la vie et assurer le bien-être social des populations ; l’absence totale de perspectives que l’Etat malien offre à sa population, notamment à sa jeunesse et aux couches sociales défavorisées.
Dans une telle situation de désespoir et d’absence de perspectives, le citoyen lambda ne voit son salut que dans un changement de régime. Le président a beau dire qu’il partira à la fin de son mandat constitutionnel, c’est-à-dire le 8 juin 2012, le peuple reste inaudible.
Donc, on voit qu’à quelques encablures de la fin de son second mandat, le général Amadou Toumani TOURE rejoint le président KONARE en s’exclamant : «Pourquoi les gens sont pressés que je parte» ; c’était lors d’une visite officielle dans la région de Mopti. Comme disait Alpha Oumar KONARE : «Les fins de mandats sont difficiles. On ne voit personne, tout le monde vous fuit. Jamais, on est aussi près de perdre le pouvoir que quand on semble si sûr de soi-même».
L’angoisse de ces dirigeants, qui ont bénéficié du sacrifice de nos martyrs, n’est-elle pas due à deux phénomènes qu’ils se reprochent et redoutent en même temps ? La première est la conviction intime, qu’ils n’ont pas réussi à faire mieux que leurs prédécesseurs dans l’intérêt de leur population ; la deuxième est l’incertitude de ce lendemain, où la bienveillance du successeur sera indispensable pour s’assurer une sortie honorable mais surtout pour sécuriser ses vieux jours.
Amy SANOGO