Editorial : La dernière échéance

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Le lundi dernier, le bureau de l’Assemblée nationale a été mis en place ; sans grande surprise. Les tenants de la logique d’exclusion ont tenu à fermer le bureau au groupe parlementaire Parena-Sadi au motif semble-t-il qu’il est de l’opposition. Même si officiellement Me Kassoum Tapo a tenu à expliquer que c’est suite à la forclusion du groupe parlementaire Parena-Sadi qui aurait été constitué en dehors du temps. Ainsi donc, aucun député de ce groupe parlementaire qui en compte tout de même 9, n’a été pris dans le bureau contrairement aux dispositions du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Celles-ci insistent sur le fait que le bureau doit s’efforcer de traduire la configuration de l’Assemblée.
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Là où le bon sens voudrait qu’on interprète le « s’efforcer » comme une obligation de résultat, d’autres y voient l’absence de toute contrainte, surtout quand on est de mauvaise foi. Or que vaut un bureau de l’Assemblée nationale qui refuse de prendre en compte les représentants de l’opposition ? Cette question ne turlupine pas outre mesure ces messieurs de l’ADP, ils se sont taillés la part du lion, sans gêne ; octroyant à des groupes parlementaires moins fournis en nombre (le MPR et le CNID notamment) mais qui ont la bonne odeur et la bonne couleur des places de vice-présidences et de secrétaires parlementaires que rien, hormis la volonté d’exclure, ne saurait justifier.

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Avec la mise en place des commissions parlementaires l’Assemblée nationale dispose de tout son arsenal pour commencer à fonctionner normalement et aborder la session d’octobre qui débute dès la semaine prochaine. Malgré leur absence dans le bureau et malgré leur nombre presque dérisoire, les députés du groupe Parena-Sadi apporteront sans doute de l’animation au sein de l’Assemblée nationale. Tels les Gaulois, ils organiseront la résistance.

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La mise en place du bureau de l’Assemblée nationale était attendue par certains observateurs dans la mesure où ce serait la dernière échéance que le président de la République se serait accordé pour effectuer son remaniement ministériel. Attendu depuis fort longtemps, le remaniement est aujourd’hui au centre de toutes les discussions et de tous les commentaires. Chacun se demandant qu’est-ce qui pourrait bloquer le président de la République. Le président ATT est conscient de l’attente des Maliens.

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En effet, lors de son discours prononcé à la veille du 22 septembre, il a donné une indication précise de la taille et du contenu de la future formation gouvernementale : des femmes et des hommes intègres, compétents et aimant le pays. On pourrait penser à juste raison que le président est quelque peu déçu par l’expérience de son premier mandat où visiblement, les hommes et les femmes choisis n’ont pas pu apporter la satisfaction requise aux problèmes qui assaillent les Maliens. Pire, en annonçant lui-même qu’il a reçu plus de 700 dossiers des différents services de contrôle dont le dernier rapport du Vérificateur général portant sur 103 milliards dissipés ou mal gérés, le président de la République semble dire que trop c’est trop et qu’il est temps d’arrêter les frais ; et peut-être d’arrêter les responsables.

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D’où sa détermination à transmettre à la Justice l’intégralité des dossiers. Ce qui promet des jours agités dans toutes les sphères du pouvoir où certains avaient acquis la certitude que rien ne peut leur arriver. Ce qui pourrait redorer quelque peu le blason de ATT qu’une bonne frange de Maliens rendent responsable de l’impunité qui s’est installée presque comme mode de gestion. Dans tous les cas, il est à son dernier mandat, et il pourrait se dire qu’il n’a rien à perdre à apporter un peu d’éthique dans la gestion des affaires du pays. Mais pour le moment, procéder au remaniement ministériel pourrait débloquer le pays qui est complètement sur cale sèche.

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Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga

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