Le Sud africain n’a pas apprécié la présence au sommet de Nice des chefs de junte Sékouba Konaté de la Guinée et Saliou Djibo du Niger. Pour le président sud africain, les lois de l’Union africaine sont valables partout et pour tout le monde, même quand on s’appelle Nicolas Sarkozy. Théoriser la transition positive, d’accord. Mais mélanger les putschistes et les présidents régulièrement élus, non ! S’il avait vu les images fusionnelles diffusées par la télé malienne sur les audiences accordées par ATT aux deux chefs de junte, Zuma aurait peut-être fait une crise d’apoplexie.
Saliou Djibo, en particulier, était radieux, magnifiant les relations Mali-Niger et concluant en langue Sonrai que les deux pays ont en partage qu’au fond nous sommes le même et seul pays. Sekouba Konaté, s’il n’était pas cet officier à l’air toujours gravissime, se serait lui aussi relâché au contact de son aîné malien. Aîné et modèle. Car, les chefs d’Etat guinéen et nigérien ne le cachent pas. Ils feront comme ATT en 1992. Ils ont juré de s’effacer au profit d’un pouvoir élu. Les y encourager, c’est donc encourager la démocratie. En plus, l’Afrique du Sud n’a de frontières ni avec la Guinée ni avec le Niger. Contrairement au Mali. Plus que les résolutions de Addis Abeba, c’est la realpolitik de proximité qui détermine notre diplomatie nigérienne et guinéenne.
On ne peut pas critiquer le président Touré pour cela. Ceci dit, notre stratégie d’influence doit aller au-delà des rencontres épisodiques ou de l’estime dont jouit la personne d’ATT. Pour chacun de nos voisins, il faudra appliquer une feuille de route spécifique inspirée par les scénarios possibles. Car un pays continental n’a de salut que dans l’anticipation. Pour le reste, on devra faire attention au fétichisme des textes. Car ce qui est important, c’est l’orthodoxie. A cet égard, le problème n’est pas Saliou Djibo mais Mamadou Tandja, pas Sekouba Konaté ou Dadis mais Lansana Conté.
Adam Thiam