Editorial : Il a préféré la mort

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Comme s’il avait peur de la suite, Ben Sékou Sylla a tiré sa révérence. Il laisse sur un champ gros de tous les dangers deux finalistes qui ne savent même pas s’ils pourront mettre leurs bulletins dans l’urne dimanche prochain, c’est-à-dire dans moins de cinq jours. Car Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé ne sont plus seulement des adversaires. Par la sorte de dérive dont la Guinée possède le secret, ils sont devenus des frères ennemis. En dépit du gentlemen agreement signé à Ouaga sous le regard bienveillant du facilitateur Compaoré. Lequel a dû réaliser depuis dimanche que l’accord ne vaut même pas le papier sur lequel il a été paraphé. C’est triste pour la Guinée et c’est tragique pour la démocratie.

Mais Ben Sékou Sylla laisse sur un champ gros de tous les dangers Jean Marie Doré face à Cellou Dalein Diallo qui ne cache plus ses doutes sur la partialité du Premier ministre et Alpha Condé qui soupçonne également l’establishment de rouler pour son adversaire. A commencer par le Général Sékouba Konaté dont les médias et les chancelleries du monde, avaient salué, en son temps la distance qu’il prenait avec le pouvoir, avec les affaires de civil comme il le dit lui-même, préférant se consacrer à la refonte de l’armée guinéenne afin que celle-ci passe de son statut de boulet à celui d’allié de la démocratie.

Aujourd’hui, sauf si le jeu de rôle est réglé comme sur du papier à musique, le chef de la transition a comme sous-traité sa mission à son Premier ministre, suscitant les cris indignés de Rabiatou Serah Diallo, une voix moins audible certes que celle de Jean Marie Doré ou des deux finalistes, mais une autorité morale sauf si elle s’est grillée depuis peu au jeu primitif de l’ethnie.

 Tout le monde sera passé à Conakry pour que force reste à la démocratie : les présidents du Burkina Faso, du Mali, du Liberia, de la Sierra Leone, le président de la Commission de l’Union africaine, et trente cinq fois le représentant du secrétaire général des Nations-Unies en Afrique de l’Ouest. Sans compter les chancelleries, les exhortations de la communauté internationale. Mais voilà, nous en sommes à un point où la Guinée fait plus peur qu’avant le premier tour de la présidentielle de juin dernier. Le spectacle est affligeant. Sauf peut-être pour l’intermittent patron de la transition. Ben Sékou Sylla n’a-t-il pas raison de s’en aller dès lors ?

Adam Thiam

 

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