SI IBK avait décidé de ne pas se présenter, pour soutenir la candidature d’ATT en 2007, afin de bénéficier, comme tous les autres, des bienfaits du consensus, la démarche n’eût pas été plus inattendue que celle des autres membres du défunt Espoir 2002 ou de la brillante URD qui, il faut le dire, sitôt sa naissance, a porté les espoirs du renouveau, du moins de l’alternance, si rassurante en démocratie. Mais Soumaïla Cissé a abandonné le bateau, et n’a même pas daigné prendre la perche que lui tend IBK depuis des mois en annonçant que le RPM présenterait un candidat aux élections présidentielles de 2007. C’est à ces deux hommes, à ces deux partis, que revenait le devoir d’engager le combat de l’alternance, eux qui ont quitté l’ADEMA en claquant la porte, en revendiquant l’investiture à la présidentielle comme un dû et en criant à l’usurpation. Car on peut comprendre un Me Mountaga Tall, désirant observer un repos d’étape, après dix ans de traversée du désert dans l’opposition; on peut admettre que Choguel Kokalla Maïga s’arrête un instant, après avoir réussi à faire du MPR un parti fréquentable, à mille lieues du repaire de restaurateurs que certains voyaient en lui. Le 2e Conseil national du RPM vient de désigner IBK candidat du parti aux élections présidentielles de 2007. Les dés sont jetés. Le discours d’ouverture d’IBK contient une attaque frontale contre ATT, comparé au général Boulanger, qui, à la fin du XIXe siècle, le joua le rôle de bouée de sauvetage à un moment où les partis politiques français étaient l’objet d’une désaffection généralisée, mais qui finit par échouer lamentablement et s’enfuit du pays. Dans ce même discours, IBK met en doute la viabilité du système démocratique malien fondé sur le consensus: le peuple serait désormais appelé à choisir entre la démocratie vraie et l’autocratie. En vérité, l’aura l’IBK ne réside-t-elle pas d’abord dans sa glorieuse ascendance “masaren” (descendant de Soundiata) à laquelle il ne se prive pas de faire, à l’occasion, une allusion discrète ? N’est-il pas pour cela appelé le châtelain ou le Prince de Sébénikoro ? N’a-t-il pas célébré avec faste, il y a peu, sa reconnaissance par les populations du Mandé, où il fut accueilli comme le fils prodigue retournant au bercail ? Enfin, et plus simplement, n’est-il pas comme les autres chefs de partis (à l’exception de ceux qui ont connu une division par scissiparité), un autocrate ? A lui prouver désormais le contraire.
I. KOITA“