Editorial : «Grincements de dents»

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ibk micro1Bien de Maliennes et Maliens ont eu des «grincements de dents» depuis ce 4 septembre 2013, date d’investiture du candidat élu Ibrahim Boubacar Keïta. Grincements de dents, à la limite de la déception, à cause de trois  actes posés  par IBK : le premier est la reconduction du médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Blaise Compaoré ; le deuxième, la présence de l’ex-président Moussa Traoré, à la cérémonie d’investiture, qui a eu droit à un vibrant hommage de la part nouveau président qui, à la stupéfaction générale, qualifia Moussa Traoré de «grand républicain» et le troisième grincement de dents survient après la nomination d’Oumar Tatam Ly à la primature.

 

Tout comme Alpha Oumar Konaré, IBK est parti chercher son tout nouveau Premier ministre au sein de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Il se rappelle, très certainement, que la nomination de Younoussi Touré, dont le nouveau président de la République a eu le privilège de lire le décret, n’a pas été applaudi.

 

 

Par ces actes, monsieur le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, ma déception est grande. Certes, s’il faut la dépeindre, les nombreux  Maliens, qui ont voté massivement pour vous, seront vite déchantés. Certes, je ne l’entreprendrai pas.

 

 

Sachez surtout, monsieur le président que la réconciliation des fils d’un pays  déchiré politiquement, pillé économiquement ne se décrète pas dans un discours. La reconduction de Blaise Compaoré comme médiateur dans la crise du Nord du Mali  est un danger pour le nouveau pouvoir quand on sait que le président du Burkina Faso est l’un des parrains du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), partisan de la partition de notre pays.

 

S’agissant de la réconciliation entre Moussa Traoré et le peuple malien, les plaies indélébiles non cicatrisées sont encore là. La grâce accordée par Alpha Oumar Konaré ne saurait  être facteur d’une quelconque réconciliation.

 

 

Pis, monsieur le président, vous ne pouvez pas, à travers ce qui vous unit à Moussa Traoré (la famille Attaher Maïga), qualifier ce dernier de «grand républicain». Pendant  vingt trois (23) ans, il a bâillonné toute l’intelligentsia malienne. Les fonctionnaires accusaient des retards de salaires de plus de trois mois.

 

 

Moussa Traoré est la source de tous les maux auxquels notre pays est aujourd’hui confronté : délinquance financière, enrichissement illicite, spéculation foncière, népotisme ou clientélisme dans l’administration publique.

 

 

Pour mieux marquer son  interdépendance à Moussa Traoré,  IBK fait sien d’un des vieux  slogans de  la défunte UDPM : «L’homme qu’il faut à la place qu’il faut».  Je crois qu’il faut prier fort pour le Mali. A ce rythme, nous ne sommes pas à l’abri  d’une fronde.

 

En nommant Oumar Tatam Ly Premier ministre, IBK pourra difficilement convaincre son électorat  sur le changement tant attendu. Le fils peut-il mettre en prison ses pères  délinquants financiers ? L’histoire d’Oumar Tatam Ly commence par son père Ibrahim Ly, auteur de «Toiles d’Araignée» et se termine par sa mère Madina Tall, historienne.

 

 

Pour l’histoire, Madina fut la directrice adjointe  de campagne d’Alpha Oumar Konaré en 1992. Oumar Tatam fut directeur national de la BECEAO-Mali, il n’a pas montré une grande capacité dans la gestion de cette structure car notre pays a été inondé de faux billets et  les cambistes ont pris service à Bamako. Un banquier n’a jamais été un bon président de la République encore moins un bon  Premier ministre. Les exemples  ne manquent pas.

 

 

Au Mali, sous Alpha Oumar Konaré, Younoussi Touré, ancien directeur de la BCEAO-Mali, nommé Premier ministre en 1992, n’a fait que six mois à la primature. Mandé Sidibé, lui aussi, ancien directeur de la BECEAO-Mali et ancien fonctionnaire de FMI, n’a pas brillé. Thomas Yayi Boni, président du Benin, ancien président directeur général de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) est le prototype de dirigeant africain  mauvais  gestionnaire. Tout près de nous, au Sénégal, Macky vient de limoger son Premier ministre, un ancien directeur de banque.

 

Cependant, la nomination de Tatam Ly conforte une seule et unique thèse : la seconde dévaluation du franc CFA en cours.

 

Fatou CISSE

 

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9 COMMENTAIRES

  1. Les Maliens oublient qu’ils reviennent de loin pour reclamer un gouvernement super bien, on doit faire avec et savoir patienter; les choses vont doucement et on redecolle après, la priorité est la stabilité, garant de tout investissement.

  2. L’espoir est que la société civile malienne, l’opposition naissante, la communauté internationale sauront être assez vigilants pour redresser le navire en naufrage qui brandit les gros mots, mais a tout l’air d’agir dans le sens contraire au vent…

  3. Vous ne saurez comprendre un langage aussi stylé car la substance réside dans l’analyse, et celle là ne semble pas être votre point fort.

    Bravo Fatou pour votre article très positif…. Il est clair comme l’eau de roche….. mais nos politiques ne savent tirer profit des leçons du passé encore moins avoir une vision claire de l’avenir.

    C’est dommage.

    Quand un peuple se rue sur un individu sans aucun programme, incapable de tenir un débat d’idées à l’occasion d’un enjeu aussi important, je suis désolé de vous dire brave Fatou, vous prêchez dans le désert. Les dés sont jétés , notre sort est scellé.

    Ce désert d’où l’on ramène zahabi, un chef rebelle endurci pour s’occuper de nos affaires étrangères qui bientôt ne seront plus que d’étranges affaires sur le dos des maliens et IBK de nous faire croire que cela est le Bonheur des maliens. IBKOn ne peut tromper tout le peule tout le temps.

    Diantre , le Président serait il tombé sur la tête…? Je crois hélas que OUI…. A suivre

  4. La grande Amerique n’a pas resisté à l’embrasement consécutif au refus de sanctionner la violence grattuite;
    le Mali ne fera pas exeption.
    No Justice no Peace ” Pas de paix sans justice”
    Comment reconcillier les maliens avec un président qui vie permenement dans le passé;
    De grace IBK Projetez vous dans l’avenir, oublier 2002 et arrêté de vous plaindre des 20 dernières années du mali car en toute honnêtété vous êtes aussi coupable
    Comment reconcillier les maliens avec une partie de l’armée en prison?
    Comment lutter contre la corruption avec un pouvoir d’achat qui frise la mendicité?

  5. Le réveil sera douloureux pour les maliens, donc.
    Avec tout ce qui se dit et s’écrit, sans compter les bavures verbales volontaires ou non, nous ne sommes pas sortis de l’auberge !
    Mais avec tout cela: mis en garde, informations précises et sensibilisations, la société civile et les ONG sont capables de venir nous dire, dans pas longtemps, que tout cela est la faute des politiciens. La classe politique, qui, quand il y a des menaces sur la vie publique, ne se lasse pas d’attirer l’attention de tous, n’est jamais écoutée en son temps. Dès que tout implose alors ceux sont les premiers à être pointé comme responsable. Actuellement, il y a comme une chape de plomb dans le pays, tout le monde voit la vérité mais personne ne le dit, ni n’assume ses responsabilités. Sinon Soumeilou Boubèye, les gaffes de IBK, et autres dérives sont là pour montrer que rien n’ira dans ce pays, car ce sont mensonges qui ont permis d’endormir le peuple. “Le crépuscule présage de la nuit qui sera agréable”.

  6. J’ai pas compris la dernière phrase de l’article.
    Quel lien y-a-t-il entre la nomination de Tatam Ly et la dévaluation du FCFA?

    • Vous ne saurez comprendre un langage aussi stylé car la substance réside dans l’analyse, et celle là ne semble pas être votre point fort.

      Bravo Fatou pour votre article très positif…. Il est clair comme l’eau de roche….. mais nos politiques ne savent tirer profit des leçons du passé encore moins avoir une vision claire de l’avenir.

      C’est dommage.

      Quand un peuple se rue sur un individu sans aucun programme, incapable de tenir un débat d’idées à l’occasion d’un enjeu aussi important, je suis désolé de vous dire brave Fatou, vous prêchez dans le désert. Les dés sont jétés , notre sort est scellé.

      Ce désert d’où l’on ramène zahabi, un chef rebelle endurci pour s’occuper de nos affaires étrangères qui bientôt ne seront plus que d’étranges affaires sur le dos des maliens et IBK de nous faire croire que cela est le Bonheur des maliens. IBKOn ne peut tromper tout le peule tout le temps.

      Diantre , le Président serait il tombé sur la tête…? Je crois hélas que OUI…. A suivre

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