Editorial / Fuite et faim

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A la télé, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Sans rire, on nous annonce près de six cent mille tonnes de paddy rien que dans les cent mille hectares de l’Office du Niger qui devient ainsi une des zones à plus forte productivité au monde. En deux petites années et avec une poignée d’engrais et de semences, nous aurons réussi des performances en riziculture dont personne d’autre n’avait été capable avant nous.

Ni l’industrieuse Thailande, ni la très scientifique Italie. La « désoviétisation » des statistiques sous les tropiques n’est pas pour demain. Toujours à la télé, on n’arrête pas de nous séduire avec l’approche des banques de céréales qui existent dans notre pays depuis la fin des années 1970 et que même les ONG les plus conservatrices sont en train d’abandonner à cause de leurs multiples contre-performances. Tout cela bourre le crâne du citoyen lambda mais ne mène jamais très loin.

La preuve, c’est bien la levée de boucliers des producteurs ruraux dans les zones frappées de sécheresse du pays. De Gao à Kidal, en passant par la rencontre du lundi dernier à Bamako, les associations paysannes donnent de la voix. Les éleveurs incriminent sans hésiter la ministre de l’Elevage qu’on voyait pourtant, quelques jours plus tôt, admirative devant un projet d’aviculture privé.

 La Commissaire à la Sécurité alimentaire ne nous démentira pas qui a été fortement prise à partie par les représentants des Régions Nord dans la revue sur la situation alimentaire le même lundi. On a beau habiller et maquiller, la rupture est évidente entre les pouvoirs publics et les zones à risque alimentaire. Mais toujours et encore à la télé, ce qu’on verra ici, ce sont les images de la sécheresse au Niger voisin.

Adam Thiam  


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