Editorial : Et de cinq

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112 milliards de nos francs qui nous manquent encore ! Ils n’ont pas été forcément carottés et certaines des pertes le sont de bonne foi. Mais si tout avait été fait dans les normes, le montant incriminé aurait été dans les caisses ou plus judicieusement dépensé.

Le manque à gagner n’est bien entendu pas celui du seul exercice budgétaire en cours. Et donc le parallèle entre le montant et notre déficit budgétaire ne tient pas vraiment. Mais ce cinquième rapport de Sidi Sosso Diarra qui sera le dernier rapport annuel de son mandat non renouvelable de sept ans indique que zéro déperdition n’est pas pour demain.

 Heureusement pas rédhibitoire, si l’on fait foi aux différents rapports de suivi que l’actuel Premier ministre produit depuis trois ans pour rendre compte de l’état d’exécution des recommandations du Bureau du Vérificateur Général ainsi que des suites judiciaires découlant de ses missions. Toutefois, au-delà des trous décelés, ce que nous dit le Vérificateur Général cette année, et c’est gravissime, c’est que nous sommes encore loin d’avoir un système de comptabilité publique adéquat.

Pour des raisons à la fois conjoncturelles et structurelles, mais avec la sérieuse conséquence de rendre plus que difficile le nécessaire audit de performance pour le pays que veut Modibo Sidibé,  c’est-à-dire un Mali émergent. L’alerte du BVG, à cet égard, doit être prise au sérieux, car elle a des implications vertueuses sur tout notre dispositif budgétaire, comptable et financier. Encore une fois, ce n’est pas parce que nous sommes les pires au monde, mais parce que nous devons être parmi les meilleurs. Et c’est possible si nous sommes déterminés et rationnels. Ce dernier mot étant mis ici pour tout le débat en cours sur l’arrivée de la Cour des Comptes et le re-profilage qu’elle nécessitera pour les autres corps de contrôle.

Et sur ce point, peut-être sommes nous un peu trop sommaires, mais nous ne voyons pas en quoi une directive sous-régionale empêcherait le BVG d’être une Cour des Comptes aux missions élargies à la certification des comptes publics. Quitte à revoir le staffing, le profil et les prérogatives de la nouvelle maison. Car les Etats doivent apprendre un concept que connaissent très bien les ONG : capitaliser.

Adam Thiam 

 

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