Les militants de la Convergence Nationale pour une Afrique Solidaire (Cnas) ont dû passer un bon weekend. Et ce sera tout mérité car ils ont réussi samedi le pari de la mobilisation en remplissant, comme un œuf, le palais de la Culture pour Soumana Sacko qui n’est pas le plus riche des candidats.
C’est d’ailleurs tout à son honneur puisqu’il reste toujours vrai, surtout ici, que le capital s’accumule dans la boue et dans le sang. Fier, le candidat du peuple au milieu d’un état major tout de blanc vêtu, l’a été sans doute en remarquant la présence massive des jeunes et des femmes à sa cérémonie d’investiture. Il n’avait pas fait mystère de son ambition de briguer la magistrature suprême.
C’est donc officiel depuis ce 17 décembre: Sacko est candidat à la présidentielle 2012. Non seulement, son parti et les alliés de son parti ont dit pourquoi. Mais lui-même s’est justifié dans un discours qui fait honneur à la langue de Molière et très peu de place à la langue de bois. La gangrène de la corruption, la misère intellectuelle et matérielle, l’effondrement des valeurs sont ses cibles dans son projet pour un Mali émergent.
Et aux yeux de tous, il a les qualifications requises grâce à une légitimité renforcée par ses résultats comme ministre des salaires et boostée par son passage comme Premier ministre aux pouvoirs étendus d’une Transition qui a préparé la 3è République. Mais samedi n’était qu’une étape. Il reste le plus gros : conquérir Koulouba et là il faudra infiniment plus que le public du Palais de la Culture.
Et le tout, on le sait, c’est plus d’animer une gouvernance de changement plutôt qu’un changement de gouvernance. Il y a un défi plus personnel : c’est celui de la mesure. Car le cérémonial du weekend aura été un peu trop long. Il aura été aussi un peu trop ludique alors que le candidat naît de la gravité du moment. Enfin, le concert de louanges entendues, indique que Sacko doit encore lutter pour être plus Mahatir que Kroutchev.
Adam Thiam