Editorial :Elections 2012, le Mali va vers un scénario catastrophique

0

Depuis le 8 juin 2002, le général Amadou Toumani Touré se trouve aux commandes de l’Etat malien. Les modes d’exercice du pouvoir ne sont pas différents de ceux de cet autre général qui a dirigé le Mali pendant vingt trois (23) ans. De ce point de vue, deux modes de gestion sont mis en place.

Le premier, c’est d’appartenir au clan ATT, être ressortissant de la région de Mopti, ou du nord tout court. L’autre, c’est l’appartenance à la famille du couple présidentiel. C’est avec le général Amadou Toumani Touré que le régionalisme a été transformé en mode de gouvernance. C’est encore Amadou qui veut diviser le Mali en deux (le Mali du nord et le Mali du sud). D’où ce cri de détresse d’un excellent confrère en 2002. «Amadou Toumani Touré, candidat ? Ce sera celui de la guerre civile».

À l’époque, je n’étais pas tout à fait d’accord avec les écrits de mon confrère. Au fil des évènements, je lui donne entièrement raison aujourd’hui. Il faut être ATT pour confier l’organisation du Cinquantenaire de notre souveraineté nationale à un fils du PSP. Il faut être un président indépendant pour maintenir 660 officiers de l’armée et de la police partis à la retraite pour un an dans la fonction publique. Il faut être ATT enfin pour recruter en catimini des jeunes du nord dans l’administration publique au nom de la paix sociale.

L’année 2012 marquera un temps fort et un tournant crucial dans la vie politique de notre pays et montrera à l’opinion internationale si réellement notre président sortant est un militaire démocrate et sincère.

Deux échéances électorales seront à l’horizon : scrutin présidentiel, scrutin législatif. Elles ne sont pas encore programmées. Leur issue reste incertaine, car la désillusion, le doute, le ressentiment ont gagné de larges fractions de l’opinion. Le fichier électoral serait vieux de dix ans, selon des sources. Quant aux résultats du RAVEC, la même source affirme que l’administration aurait pris soin de recenser ses gens à l’intérieur et à l’extérieur du pays. D’où cette méfiance des politiciens «RAVEC ça sent le souffre».

Depuis les élections de 2007, le climat social et l’environnement politique se sont profondément altérés. Le président sortant ne peut plus s’appuyer sur un quelconque soutien à son dauphin. Les grands partis politiques ont volé en éclats ou ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. La presse privée s’emploie à ternir l’image de Dioncounda Traoré, candidat d’une frange de l’ADEMA-PASJ. Pourtant, le Pr. de mathématiques est à un pas du palais de Koulouba.

Si le 8 juin 2012 à 10 heures, le nouveau président n’est pas élu, la constitution du Mali en son article 36 stipule : «lorsque le président de la République est empêché de façon temporaire de remplir ses fonctions, ses pouvoirs sont provisoirement exercés par le Premier ministre. En cas de vacance du président de la République pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement absolu ou définitif constaté par la Cour constitutionnelle saisie par le président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre, les fonctions du président de la République sont exercées par le président de l’Assemblée nationale. Il est procédé à l’élection d’un nouveau président pour une nouvelle période de cinq ans (…).»

La constitution de 1992, dans ses dispositions, permettra au Pr. Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale, de devenir président de la République du Mali pendant 60 jours. Si dans ce délai imparti par la Constitution, ce dernier n’arrive pas à organiser les mêmes élections, on rentrera dans une période d’incertitude où l’armée, la seule structure organisée et dans laquelle tout le monde se reconnaît, assurera une autre transition.

Amy SANOGO

Commentaires via Facebook :