La Direction Générale aux élections et la CENI sont à pied d’œuvre pour les préparatifs de la présidentielle de 2018. Tout le monde s’empresse au pas des bailleurs qui ne parlent de rien d’autre que le vote en ordonnant une accélération du processus. Au même moment certains de nos compatriotes se posent des questions sur la possibilité de l’organisation d’un scrutin crédible et transparent.
Des rencontres entre les principaux acteurs concernés des préparatifs électoraux aux opérations de radiation et d’inscription de nouveaux majeurs, tous les signaux sont allumés pour montrer que les maliens seront aux urnes dans le délai constitutionnel. C’est un impératif pour le président Ibrahim Boubacar Keita quel que soit la situation du pays et la qualité des élections.
Les diplomates des pays qui financent nos élections ou du moins qui en contrôle la tenue font des vas et viens interminables pour faire pression. Certes, les élections sont incontournables dans la démocratie tout comme le respect du délai constitutionnel est le levier principal, mais faut-il que le pays concerné soit son propre maitre à bord. La tenue d’un scrutin relève de la souveraineté de l’Etat.
Tel n’est pas le cas dans la majeure partie des pays africains surtout les anciennes colonies françaises. Pour rappel, en 2013 François Hollande avait affirmé qu’il restait « intraitable » sur l’organisation des élections au Mali. A plusieurs reprises, il a prouvé que c’est la France que décide. Puis il a fait la même chose avec la Centrafrique en disant qu’un mauvais scrutin valait mieux que rien.
Le monde a été témoins du bazar électoral qui s’est passé là-bas. Nous avons opté pour un système démocratique forcé qui nous laisse dans le giron du colonisateur pour toujours. Ceux qui financent les élections sont les mêmes qui entretiennent les dirigeants politiques de la majorité aussi bien que l’opposition en les mettant dos à dos.
Lors des votes les observateurs sont plus « crédibles », plus audibles et plus puissants que la CENI. Ne pas faire ce qu’ils disent, c’est ouvrir la voie à des violences dévastatrices. Puis, tel un élève devant un méchant professeur, ils sont toujours présents pour noter toutes les actions de nos gouvernants en filant de mauvais points à chaque instant.
Finalement, ces derniers, biens connus pour le « moi seul » dès qu’ils sont élus, n’ont pas le temps de s’occuper des vrais problèmes du pays. Ils sont préoccupés à se faire plaire aux maitres. Tout compte fait, notre démocratie n’est basée que sur la préparation des élections et le développement passe sous le pied.
D’ailleurs durant tout un quinquennat dès qu’on s’écarte de cette donne pour penser à l’avenir du pays, des problèmes surgissent. Ce qui veut dire qu’au Mali, on doit vite mettre ce système à plat en disant non à ceux qui financent nos élections pour nous contrôler en imposant des voies ne servant qu’à leurs propres intérêts.
Issa Santara