Lors de la rentrée judiciaire qu’il présidait la semaine dernière, le président de la République, en réponse à la famille judiciaire qui demandait la création de la Cour des comptes conformément au code de transparence de l’UEMOA, a déclaré qu’elle interviendra qans le cadre des réformes envisagées. Et d’ajouter sur le ton qui est le sien, l’humour, certainement à l’endroit de ceux qui n’auraient pas bien compris : « pour cela, il faudra réviser la Constitution. Or dès qu’on parle de toucher à la Constitution, il y en a qui pensent qu’on a des idées derrière la tête ».
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Cette déclaration présidentielle lancée en un instant aussi solennel que la rentrée judiciaire traduit quelque peu la frilosité et même la hantise qui nouent les tripes de la classe politique et des Maliens dès qu’on parle de révision constitutionnelle. Parce que sans le dire vraiment, « les idées derrière la tête » auxquelles ATT fait allusion se ramènent uniquement aux dispositions concernant le mandat présidentiel.
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Le président ATT connaît l’hypersensibilité des Maliens par rapport à la question et c’est pour cette raison qu’il doit prendre les devants avant de tomber dans les pièges qui ne manqueront pas de jalonner le chemin des réformes envisagées et particulièrement le piège dans lequel son prédécesseur est tombé. Les Maliens se rappellent qu’en son temps, l’opposition sous la houlette de Choguel, Me Tall et consorts, faute de sujets d’occupation et de thèmes mobilisateurs avait pu convaincre une frange importante de la société malienne que Alpha voulait réviser la Constitution dans le seul objectif de faire sauter le verrou de la limitation des mandats.
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La propagande avait été si savamment menée que le référendum qui devait consacrer le toilettage des textes fondamentaux dont la Constitution n’a jamais pu être organisé. Faute de temps surtout parce que parmi les retouches indispensables que Alpha voulait apporter à la Constitution figurait celle qui consistait à mieux verrouiller les dispositions se rapportant à la limitation du mandat présidentiel afin de l’extraire à toute interprétation.
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ATT a annoncé qu’il nommera une personnalité qui s’occupera du chantier des réformes. Il faudra qu’il le fasse vite parce que le temps nous est compté. Pour éviter que le travail ne soit pollué (dans certains « grins » et salons, on prête déjà à ATT l’intention de vouloir rester au-delà de son second mandat) par des interférences d’ordre politicien, les termes de références et la feuille de route de celui ou celle qui sera chargé de la tâche soit très clairs et très tôt rendus publics. Parce que le chantier est vaste. Et les réformes ne concernent hélas pas seulement que le verrou du mandat. Par exemple, la Cour constitutionnelle a déjà identifié un certain nombre de goulots qui rendent la cohérence des actes impossibles.
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Et si on devait se permettre de rêver, on pourrait imaginer le chantier complètement bouclé afin de convoquer les Maliens pour le référendum couplé avec les élections communales de 2009. Et qui comme par hasard, se dérouleront en février.
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Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga
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7 dec 2007
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