Editorial : De Bamako à Nice

0




Au moment où Sarko rencontre à Nice ses homologues africains, on ne peut éviter de revenir sur le 23è sommet Afrique-France de Bamako.D’abord, celui-ci promettait d’être le sommet de la rupture, Chirac sur le départ venait de connaître son Dien-Bien Phu ivoirien, Sarkozy arrivait et s’annonçait comme le bourreau de la Françafrique et l’Afrique dispersée reconnaissait l’urgence d’une doctrine diplomatique qui pouvait négocier pour les 53 états membres de l’Union Africaine là où besoin se fait sentir.

 Ensuite, Bamako en 2005, s’était fait le porte-voix des angoisses et de la détresse de la jeunesse africaine. Dans la capitale malienne, les présidents ont promis de faire de ces majorités paniquées une opportunité plutôt qu’une contrainte. Cinq après, quoi ?  La Françafrique poursuit toujours les intérêts plutôt de la France que de l’Afrique. Pire, au bon vieux temps des réseaux Foccart, les amis  africains pouvaient avoir quelques passe-droits de l’Elysée au plan de la gouvernance économique. Aujourd’hui, ce sont les multilatéraux qui mènent la danse et ne raisonnent qu’en termes d’indicateurs déclencheurs et mesures d’impact.

 Autre déception, les problèmes des jeunes africains restent entiers. Pour beaucoup d’entre eux, dès que se dissipent les écrans de fumée de la propagande officielle sur les emplois crées, la réalité reprend le dessus et la réalité, c’est bien les chemins d’exil, les mers incertaines et les barrières électrifiées de l’Occident. Entre Bamako et Nice, le taux de croissance économique de l’Afrique, même s’il est positif, est loin de permettre de réduire significativement la pauvreté.

L’Europe s’est refermée davantage et Sarkozy aura même réussi la prouesse de faire de l’émigration choisie une directive européenne. Entretemps, les désaccords persistent sur les Accords de partenariat économique dont l’Afrique, qui n’est à l’aise qu’avec les perfusions et l’assistanat. Enfin, les défis climatiques exacerbés ajoutent une couche plus dramatique au tableau déjà peu reluisant des cinquante Afriques. Auxquelles il reste les nouveaux partenariats avec la Chine, l’Inde et le Brésil pour tenter de desserrer  l’étau occidental. Le contrecoup possible étant la perte du peu d’acquis démocratique dont le continent premier peut se prévaloir. La vérité, en fait c’est celle-là : l’Afrique reste son principal problème et sa seule solution. Nice n’y changera rien. Les sommets ultérieurs non plus.

Adam Thiam

Commentaires via Facebook :