Editorial : Bonne arrivée, Zoellick !

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Wolfensohn avait, certes, déjà séjourné chez nous en 2001 et était allé jusqu’à engager une série de dialogues avec la société civile malienne, ce qui n’est pas courant chez les chefs d’institutions. Et puis Robert  Zoellick, l’actuel président de la Banque mondiale s’était déjà rendu en Ethiopie, Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Rwanda, République Démocratique du Congo, et en Ouganda. Mais sa visite annoncée pour ce weekend dans notre pays est loin d’être banale. En fait, s’il y a un domaine pour lequel le Mali a été félicité à la fois par la Banque Mondiale, le Fmi et l’Uemoa, et ce depuis trois ans, c’est bien le domaine de la gouvernance économique et financière.

C’est-à-dire le secteur le plus sensible et le plus difficile. En 2008, avec la montée vertigineuse de la dette publique, nous craignions la banqueroute. En 2009, nous redoutions les conséquences de la crise financière internationale mais la croissance est restée positive même si elle avait baissé.

 Et en 2010, notre pays se classe premier de l’Uemoa en ce qui concerne la satisfaction des critères de convergence. Chapeau ! Tout est rose donc ? Hélas non. Pour être le pays émergent qu’il a appelé de ses vœux dans sa déclaration de politique générale en 2007, Modibo Sidibé sait bien le chemin que le Mali à encore couvrir jusqu’à l’impunité zéro, à la corruption maîtrisée et à la « redevabilité » assumée. Mais le cercle vertueux est possible et il est à l’œuvre. Voilà pour le contexte.

Pour le fond, que pouvons-nous donc discuter avec Zoellick ? Le grand-prêtre du temple néolibéral qu’il est de par sa fonction ne peut pas ne pas avoir tiré sa leçon d’humilité du récent tsunami  financier international. Il nous écoutera donc si nous lui demandons de nous donner son explication sur le fait  qu’après cinquante ans d’indépendance et de perfusion par la Banque Mondiale, nos Etats sont nettement moins performants que le Vietnam dévasté et pour lequel, adolescents, nous défilions encore devant l’ambassade américaine.

 Nous devons aussi lui faire partager nos doutes sur des prêts engloutis dans des parcs de 4×4 qui deviennent aussi vite des cimetières de ferraille si elles ne sont pas réformées dans l’opacité propre aux cols blancs africains. Et bien sûr à l’heure des grandes interrogations, le président de la Banque mondiale ne pourrait se taire sur la situation des terres agricoles, une expropriation scandaleuse pour certains, une opportunité de croissance pour d’autres. Mais il faut d’abord lui ouvrir les bras et lui dire : faites comme chez vous, Bob !

Adam Thiam

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