Editorial : Avoir les moyens de sa politique

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De retour d’une mission sur la ligne de front (dans la région de Mopti), le procureur général Daniel Tessougué a tenu des propos qui font froid dans le dos. Nos militaires manqueraient de tout, y compris du minimum vital dans la mesure où ils n’auraient même pas à manger, selon le constat fait par le magistrat. Avant lui, des soldats avaient tenu sur les antennes de l’ORTM des propos du même genre. En fait, depuis le début de cette guerre au Nord, toutes sortes de rumeurs plus ou moins fondées circulent concernant l’armée malienne et concernant le moral des troupes. Il est clair que le début des événements et plus encore leur déroulement ont pris tout le monde de vitesse. Et personne n’est dupe. Les militaires maliens pas plus que leurs frères de la MISMA n’étaient prêts à se retrouver aux avants postes du jour au lendemain. Mais comme il fallait y aller, de peur de trainer ad vitam aeternam la mauvaise réputation de soldats ne voulant pas se battre, ils sont montés au front.

A l’évidente impréparation des soldats maliens et au manque d’un équipement adéquat pour tenir la dragée haute à des terroristes qui les avaient fait reculer jusqu’à Mopti en abandonnant les 2/3 du territoire, les militaires maliens jouent la carte du cœur et du savoir-faire de quelques officiers. Mais palier les insuffisances et les incohérences d’un ensemble n’est pas chose aisée.

Mais à l’évidence, le plus dur était devant les combattants. Il s’agit de faire face aux accusations de plus en plus répétées d’exactions contre les militaires maliens. Dès le lendemain du déclenchement de la guerre, elles ont commencé à pleuvoir comme si elles étaient inscrites dans une stratégie de communication de la part de ceux qui ont perdu pied sur le terrain mais qui disposent de bras longs et d’appuis multiformes. Il serait illusoire de croire que toutes les accusations sont infondées dans la mesure où une guerre propre, une guerre sans victimes innocentes n’existe pas. Mais de là à penser qu’il y a une volonté délibérée, une vision planifiée de liquider des Maliens juste parce qu’ils sont de couleur blanche, il y a un pas dans la propagande que la morale reprouve. Et parfois, en écoutant les mêmes gens donner la parole aux mêmes « victimes », souvent dans des conditions qui poussent à s’interroger (un berger de Gossi ayant abandonné femme et enfants pour se retrouver au Burkina Faso…avec son téléphone ou un commerçant qui a trouvé refuge en Mauritanie et joignable quand il s’agit de raconter son « calvaire » et porter des accusations, etc.), on pourrait penser qu’il y a une vaste entreprise de salir les militaires maliens et par-delà eux le Mali. D’où l’obligation pour eux, pour ceux qui sont sur le terrain, d’être vigilants et de ne pas céder à la tentation de la facilité.

Les problèmes soulevés autour de l’impréparation des militaires posent la problématique de la réoccupation des régions du Nord. Une chose est de bouter les terroristes loin de ces zones, une autre est de se donner les moyens de les administrer en apportant des réponses simples aux sollicitations des populations longtemps abandonnées. Or visiblement, tout porte à croire que l’Etat n’est pas trop prêt.

Akhimy Maïga

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3 COMMENTAIRES

  1. Si le peuple malien tient à sa nation, qu’il se lève comme un seul homme et chasse dans un élan patriotique révolutionnaire, la vermine qui est au Nord et celle qui est aux affaires à Bamako, toutes deux étant soutenues par les mêmes: la coloniale française, les intérêts occidentaux et les satrapes de la CEDEAO.
    Dans toute cette affaire, la bourgeoisie néocoloniale aux affaires à Bamako a montré toute son incapacité à défendre et à sauver l’Etat de ses propres intérêts de classe. Sa gestion corrompue de la Nation pendant deux décennies a abouti à l’effondrement de toutes les institutions. Il ne reste plus alors qu’une chose au peuple, aux travailleurs, aux paysans, aux soldats et étudiants du Mali: prendre les choses en mains dans le cadre d’une révolution patriotique africaine et balayer toute cette vermine au Nord comme à Bamako. Sans quoi le Mali sera trahi et partitionné avec la bénédiction des gangsters de l’ONU, de l’UA et de la CEDEAO.

  2. @Akhimy Maïga

    Je vous en prie! Ce n’est pas du journalisme vous faites là. Nier que des exactions ont lieu relève de l’inconscience la plus ignoble. Les images ne mentent pas. Vous vous rendez coupable de ces crimes. 😳

    Maintenant, que les soldats maliens se battent à mains nues, c’est vrai. Là encore, les images ne mentent pas. Il y a sur ce site au une moins une photo qui donne des frissons: un soldat français bien enrobé dans son treillis visiblement de qualité, et un soldat malien qui ne porte visiblement même pas de gilet pare-balle, avec pour toute protection un casque qui semble sortir de la 2ème guerre mondiale. C’est à en hurler de colère.

    Il est évident que les soldats maliens se livrant à des exactions sont une minorité. Mais une minorité qui mérite le peloton d’exécution, quand ils s’en prennent à de pauvres nomades, à un viel homme Arabe par ci, à un enfant par là…

    Les soldats maliens repus qui arrivent de certains bureaux climatisés pour aller se livrer à ces actes de barbarie, après avoir pris la fuite devant l’ennemi, ça existe bel et bien ET VOUS NE CONVAINCREZ PERSONNE DU CONTRAIRE AVEC VOS MENSONGES ÉHONTÉS.

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