Editorial :Dans quel pays sommes-nous ?

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Entre la mollesse de l’Etat, la décrépitude  de la hiérarchie militaire dirigée par Amadou Toumani Touré et la hardiesse des rebelles, se joue le destin du Mali en tant qu’Etat et nation.
rnAujourd’hui plus que jamais. d’accords en protocoles  d’entente, de médiation en négociation, un seul constat s’impose : l’effritement, l’affaissement du Mali face à des hordes plus que jamais décidées à s’octroyer, à la serpette, un pays et une reconnaissance internationale.

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rnL’heure est grave. Du fait de la gestion chaotique du dossier de la rébellion et de la réintégration de Bahanga dans l’armée (désertée pour  la seconde fois), tout le Mali ne dort plus que d’un œil. Les factieux réussissent des coups d’éclats, qui indubitablement consacrent les chroniques des hauts faits d’arme.
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rnDepuis le 23 Mai 2006, date à laquelle Kidal et Ménaka ont été subversifs, plus aucun citoyen de ce pays ne comprend quelque chose à ce qui se passe. Dans quel pays sommes-nous ?
rnEn cause, bien évidemment, la gestion solitaire de ce dossier telle que conduite par la seule volonté du général Amadou Toumani Touré, le président de la République. Avec le recul du temps, on ne peut s’empêcher de l’indexer comme étant aujourd’hui à la base de la déliquescence aussi bien de l’Etat que de la nation malienne.
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rnEn réalité, Ibrahim Ag Bahanga et Hassan Fagaga ont l’occasion de montrer à la face du monde que ATT n’est qu’un interlocuteur peu fiable et versatile et qui croit gagner du temps par la ruse. Ils en sont convaincus et ils n’en démordent pas d’un pouce. Ils font monter les enchères et se perfectionnent dans la stratégie, la diplomatie et la communication, trois domaines dans lesquels ils ont toujours eu une longueur d’avance.
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rnDans la stratégie, les rebelles maliens et leurs congénères du Niger ont scellé une alliance. Ils ont aussi amélioré les armes et peuvent maintenant tirer sur des avions lorsqu’ils ne posent tout simplement pas des mines qui font sauter militaires et civils. Avec cet arsenal, ils attaquent l’armée malienne et font des prisonniers vite présentés comme des otages. Les soldats pris au dépourvus sont capturés avec des armes qui ne leur sont d’aucune utilité. Pas plus que des bâtons de bergers.

Dans la diplomatie, ils sont parvenus à mettre le dossier sur plusieurs fronts, notamment auprès de l’Algérie et de la Libye. Cette dernière pour des raisons géostratégiques jamais cachées a toujours voulu avoir un pied dans le Sahara malien. C’est elle qui a formé militairement les premiers soldats de la région. C’est aussi elle qui a donné les équipements pour le soulèvement de 1990, à partir de Ménaka avec le Mouvement populaire de l’Azawad et Lyad Ag Aghali, bandit vite reconverti aujourd’hui en homme politique et agent consulaire.
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rnDans la communication, ils ont une agilité déroutante avec des interviews et des déclarations vite positionnées sur les téléphones satellitaires et les bloqs informatiques très dynamiques. Là où l’Etat malien met trois jours pour rendre public un communiqué, la rébellion est virevoltante. Elle a gagné la guerre de la communication.
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rnAujourd’hui, le foyer est encore incandescent. La paix escomptée n’est pas une réalité au constat de la guerre larvée qui sévit avec des attaques de garnisons aussi fréquentes qu’humiliantes.
rnLe front de la sédition ne se résume plus à la seule région de Kidal, mais bouge vers le Sud. Pendant ce temps, la société civile du Nord se positionne et demande à l’Etat de jouer son rôle, tout son rôle. Certains exigent même un mandat d’arrêt contre Ibrahim Bahanga.
rnMais le général ATT voit autrement.
rnSafouné KOUMBA
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