Editorial :Crise de régime

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Après la tenue du conseil des ministres du mercredi 30 mars 2011, le président ATT limoge son Premier ministre. De sources concordantes, le président Amadou Toumani Touré aurait informé le Premier ministre et son gouvernement de leur destitution à la fin du Conseil. La raison de ce limogeage se trouverait selon les mêmes sources dans un fait rocambolesque commis par le ministre des Mines sortant Abou- Bakar Traoré, ami du Premier ministre Modibo Sidibé destitué : pour avoir délivré un permis d’exploration d’uranium à la société canadienne Rockgate à Faléa.

Au cours de sa rencontre avec la délégation des Euro députés, ATT a dit qu’il ne connaît pas ce projet d’exploitation d’uranium de Faléa. Nous savions que le maintien de Abou-Bakar Traoré, dans le gouvernement du 3 octobre 2007, au poste de ministre des Finances, ne tenait qu’à l’insistance de son ami Modibo Sidibé ; qui lui confira par la suite le département stratégique des mines.
A ce niveau également, les partenaires, Banque mondiale et Fonds monétaire, se plaindront du fait que les opérations fiscales des sociétés minières sont traitées par le cabinet fiscal du ministre.

Dans ce concept, rien de surprenant s’il se retrouve au centre d’une polémique relative à la délivrance de permis d’exploration de mine, alors qu’il ne méritait plus d’être ministre dans notre pays. Et pour cause, dans un passé récent, il fut directeur de cabinet au ministère de l’Economie et des Finances en 1987 et expert commis par la Banque mondiale pour l’intégration du Mali au Programme d’ajustement structurel (PAS) qui ordonna la fermeture de toutes les entreprises ou sociétés d’Etat.
Sa mission d’expert a été tellement juteuse qu’il démissionnera plus tard de l’administration publique pour s’installer à ses propres comptes. L’ex-expert de la Banque Mondiale est promoteur d’un cabinet fiscal dénommé «ABT».
Nommé Ministre de l’Economie et des Finances, Abou-Bakar, sans perdre de temps, travaillera pour renflouer les caisses de son cabinet fiscal ; puis ministre des Mines, il a transformé son ministère en centre de vente de permis d’exploration de ressources minières.
Autre chose qui avait déjà mis le président de la République en colère serait que le dernier rapport 2010 du Bureau du Vérificateur général épingle «l’Initiative riz» piloté par Premier ministre sortant Modibo Sidibé. Comme dirait l’autre avant la cérémonie de remise du rapport 2010 du Vérificateur général aux journalistes, ATT s’est empressé de destituer le P.M et son gouvernement pour le soustraire des attaques des hommes de média, du coup mettre aussi son régime à l’abri. Mais pour combien de temps encore ?

Malheureusement, ATT n’a jusqu’ici pas montré une grande capacité dans la gestion du pays. Tout juste, par un concept de gouvernance consensuelle bâti uniquement sur la ruse, il a pu emballer toute la classe politique, qui, de jour comme de nuit, pointe Koulouba pour avoir quelque à mettre sous les dents. On a l’impression que le gouvernement n’existe pas. Il est transformé en un busines center. Les citoyens sont clochardisés par l’extrême pauvreté.
Le régime ATT est ponctué de grands scandales financiers sur lesquels la lumière est rarement faite. Chaque fois que les limiers remontent les filières conduisant aux vrais coupables, des ordres ou des pressions arrêtent la procédure.

Le film des évènements de la destitution du policier par le militaire
De sources concordantes, l’inspecteur général de police Modibo Sidibé, agacé par les nombreux échecs que l’opinion lui prêtait, avait présenté courant février 2011 une lettre de démission au président de la République. Ce dernier avait jugé en son temps irrecevable cette requête de démission de son Premier ministre et lui aurait dit : «Tu restes car c’est moi qui déciderai du moment de ton départ».
Très certainement, comme cet autre général de France, Charles De Gaulle, le général Amadou Toumani Touré avait son joker, qui lui permet de limoger à tout moment son premier ministre sans l’informer au préalable. Comme quoi, on ne se fout pas d’un général des armées.
Amy SANOGO

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