Décidemment ‘’le chien ne changera jamais sa manière de s’assoir’’. Autrement dit la politique africaine demeurera longtemps telle qu’elle est. Axée essentiellement sur la démagogie et l’égocentrisme, la politique au Mali est presque devenue le métier des vendeurs d’illusions et autres personnalités ne visant que leur propre intérêt et n’ayant aucune considération pour leur peuple. Il suffit de suivre l’actualité nationale pour adhérer à cette vision.
L’école malienne et l’emploi des jeunes, depuis 20 ans, sont devenus des bêtes noires pour le Mali. Résultante d’un échec de l’ensemble de la classe politique, cette triste réalité semble apparemment n’avoir aucun effet sur le malien lambda. Comme pour parapher l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, ‘’l’école malienne à gauche, l’emploi des jeunes à droite, tant pis le Mali avance’’. Aussi paradoxale que cela puisse paraitre, tel est en réalité l’héritage psychologique laissé au peuple par la classe politique malienne en ce qui concerne ces deux problèmes.
C’est donc dire tout simplement, que l’école et l’emploi des jeunes ont toujours été mis au second plan dans notre pays depuis l’avènement de la nouvelle république.
Cette situation ou du moins cet échec politique a toujours été porté avec fierté par les plus hautes autorités du pays et leurs fidèles compagnons de la bourgeoisie politique.
Malheureusement en cette période électorale, cette responsabilité politique toujours assumée a tendance à laisser la place à la démagogie, à la malhonnêteté morale et à l’excès émotionnel…bref aux politiques politiciennes qui consistent à berner le peuple sur le mensonge tant que l’on peut en tirer un quelconque profit politique. Et c’est ce qui est choquant, à la limite révoltant.
L’école malienne est plongée dans une léthargie depuis des années et le comble, sous l’œil passif de la classe politique censée faire bouger les choses et déclencher un sursaut social. L’emploi des jeunes au mali est devenu, dans le même laps de temps, ce que le SIDA représente pour la société. Qu’à cela ne tienne, aucun débat politique car les politiciens ont toujours eu d’autres chats à fouetter abandonnant du coup leur mission fondamentale : la gestion de la cité.
Depuis des semaines, l’école et l’emploi des jeunes ont fait surface dans les discours politiques. Tous les hommes politiques se targuent d’avoir des solutions en la matière. La résolution des problèmes de l’école et la création d’emplois pour les jeunes sont au cœur de tous les programmes. Et comme si cela ne suffisait pas, toutes les occasions sont bonnes pour monter au créneau et dénoncer les errances de ces deux secteurs.
Le constat est que, à entendre les leaders politiques ou leurs porte-paroles, seul ATT est comptable des problèmes qui minent ces deux secteurs. Il suffit juste de mieux analyser leurs différentes interventions pour comprendre leur position en ce qui concerne le bilan politique de ce dernier. Autant ils se prévalent des acquis positifs de ces dix dernières années, de la même manière ils se désolidarisent des échecs n’hésitant pas à fustiger le pouvoir d’ATT.
De l’échec politique hier aux politiques politiciennes aujourd’hui pour tromper la vigilance du peuple : telle est la démarche des politiciens pour valoriser leurs programmes de société. Il est donc aux citoyens d’ouvrir les yeux et de ne plus se laisser tromper. Quant aux hommes politiques, il faut qu’ils comprennent et acceptent leur échec dans le domaine de l’éducation et de l’emploi des jeunes. L’heure n’est plus à la démagogie, mais plutôt à l’action et aux vrais débats dans lesquels chacun assume ses actes, fasse son mea culpa et propose des solutions réalisables et sincères aux maliens afin de leur faciliter le choix de celui à qui ils souhaiteront confier leur sort.
Le débat électoral doit être une tribune d’expression, d’échanges et de démocratie entre les leaders politiques et le peuple. Au delà de tout cela, c’est aussi une aubaine qui est offerte aux différents candidats et partis pour la promotion de leurs programmes de société et non pour tromper la vigilance du peuple, en abusant ainsi de son ignorance ou de son innocence. Avant de proposer des solutions miracles pour l’école et l’emploi des jeunes, nos hommes politiques doivent faire le bilan du passé et reconnaitre leur responsabilité. C’est à ce seul prix que l’on aura un vrai débat électoral sur les questions de l’éducation et de l’emploi des jeunes.
FOUSSENY MAIGA