Edito/International : Printemps sans frontières

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Le printemps arabe ne semble pas vouloir faire de quartier : Tunisie, Yémen, Jordanie, Egypte, Algérie, Bahrein. Même la solide Libye n’y échappe pas si l’on en juge par la révolte qui a éclaté hier à Benghazi, occasionnant de nombreuses arrestations mais une dénonciation ouverte du régime de Mohammar Ghadafi. L’Algérie, on peut le penser, a connu ses périodes de contestations qui furent d’ailleurs meurtrières à la fin des années 1980.

La Libye peu peuplée, avec des ressources mieux réparties, connaît une forme de gouvernance tribale, organisation tribale qui atomise les forces vives. Bahrein, est un émirat pétrolier plein aux as. Quel est donc le fil rouge de la bourrasque sous laquelle courbent même les palais arabes que l’on croyait invulnérables?

 La distribution des ressources est un facteur important, surtout là où la jeunesse vit dans la précarité et le manque, le chômage et les paradis artificiels. En un mot, la « hogra » comme on le dit dans les médinas, ce sentiment d’humiliation et de rage devant l’arrogance des nouveaux riches.

Il y a ensuite le ras-le bol contre l’autocratie, le manque d’alternance, la silhouette imposée par l’épée de dirigeants prédateurs. Et le corollaire de toutes ces tares : l’absence de libertés dans un monde qui, paradoxalement, est en train de faire tomber ses murs les uns après les autres et enfin la masse critique de désarroi au sein d’une population majoritairement jeune mais sans grandes perspectives. A ces facteurs s’ajoute la volonté clairement affichée par Washington d’aller dans le sens de l’histoire et de forger le paradigme qui transparaît à la fois dans les discours prémonitoires d’Obama au Caire et à Accra.

 Au Caire, le président américain avait tenu à ne pas confondre l’Islam, religion d’amour et de tolérance avec sa dérive islamiste qui a généralement la corruption et la dictature pour terreau. A Accra, il a plaidé pour des institutions fortes en lieu et place des sauveurs suprêmes qui s’éternisent au pouvoir. Sans doute, tous les dirigeants arabes ne connaîtront pas les sorts de Ben Ali ou Moubarak. Mais aucun d’eux ne pourra ignorer la nouvelle donne qui est celle-ci : le postulat qu’arabe et démocratie sont incompatibles a déjà vécu.                                                           

Adam Thiam

 

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