Début de semaine mouvementée en Guinée, avec plusieurs péripéties : convocation de Saa Alphonse, un officier proche de Dadis sur des « activités peu orthodoxes » en Guinée forestière; conditions presque draconiennes du RPG pour sa participation au second tour des élections dont la date (probablement le 22 août) n’est pas encore officielle ; sortie médiatique un peu agacée de Cellou Dalein Diallo contre le Premier ministre de la transition ; transfert annoncé à Bamako de la bête noire Dadis, démenti par Bamako et par l’ancien homme fort de Conakry que l’excellent Abdoulaye Barry de Africable a joint, hier après-midi, sur sa ligne fixe burkinabé ; psychose du putsch ou en tout cas d’une autre rupture qui viendrait geler la dynamique lancée.
Ces événements apparemment déconnectés sont pourtant d’un même tenant : Une Guinée apeurée, en apesanteur, à force de schémas subis et qui n’avait besoin que d’un président démocratiquement élu pour « bénéficier de l’aide internationale » alors que la démocratie est en soi un choix de société. Ce qui s’est passé par la suite est connu : la défaite de Jean Marie Doré qui avait averti du danger d’élections mal organisées, parce que peu préparées et qui amèneraient des contestations susceptibles de faire reculer le processus démocratique au lieu de le faire avancer. Puis, l’inattendu et l’inacceptable pour beaucoup de Guinéens : la déferlante Ufdg et son corollaire inédit : un «pouvoir Peulh» trop tôt prédit. Il y a aussi que le délai du 28 juillet qui devait être celui du second tour n’aura pas été respecté, que l’historique taux de participation qui avait émerveillé le monde était finalement une bulle crevée par la Cour suprême. Il y a surtout ce que d’aucuns ne disent pas mais qu’ils craignent : la nouvelle date du second tour n’est pas taillée dans du marbre mais écrite au crayon à papier, à quelques millimètres de la gomme du tandem, imaginé ou réel que Jean Marie formerait avec Tibou Camara, le secrétaire Général de la présidence. Tout cela fait un peu désordre dans un pays crisogène, avec un chef de la transition qui ne s’accroche pas au pouvoir, qui irait volontiers vivre à Caracas dans quelques mois. Alors qu’au-delà de sa propre personne, ce que la communauté internationale, dithyrambique à son égard, attendait plutôt de lui, c’est de décrocher l’armée du pouvoir. La haute versatilité de la Guinée indique que ce n’est pas encore fait.
Adam Thiam