Edito : Vers une nouvelle rébellion?

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Le Mouvement National pour l’Azawad est né à Tombouctou ce lundi. L’info est livrée sur Kidal Infos et nos vérifications ne nous ont pas permis d’aller plus loin. Nous parlerons donc au conditionnel, laissant le soin aux pouvoirs publics de démentir la nouvelle. Car elle est en soi grave en ces heures troubles et troublantes où les enlèvements de voitures se succèdent au Nord comme pour accumuler l’arsenal du désordre.

Et le nom du mouvement est trop évocateur de son ancêtre qui prit, en 1990, les armes contre l’Etat avec des arguments non dénués de pertinence et qui imposèrent à l’époque la solution du dialogue plutôt que celle des armes. Il est vrai que contrairement au Mpa, le Mna ne nous a pas proposé le baptême du feu. Il est vrai que le jeune mouvement se déclare résolument démocratique et profondément pacifiste.

Mais son argumentaire puise largement dans celui de l’irrédentisme des années 1990 avec des mots-clés comme exclusion, marginalisation, souffrances, spoliations, état de siège auxquels s’ajoute un clair désaveu des activités salafistes sur ce qu’il appelle le « territoire de l’Azawad ».Voici donc un groupe qui ne se montre point impressionné ni par l’impact des projets de développement mis en œuvre dans le Nord du Mali après le Pacte national en 1992, ni par les efforts spéciaux consentis dans le cadre de l’Accord d’Alger en 2006, ni par les perspectives qu’offre le Pspdn.

Il naît, en outre, dans le contexte que nous connaissons : une forte zizanie entre les communautés du Nord, le désaccord de certaines d’entre elles vis-à-vis de ce qu’elles considèrent comme un recul par rapport aux acquis d’hier, notamment la composante militaire du Pspdn envisagée pour mieux affronter Aqmi, les menaces de l’Algérie, le regain terroriste, l’aventure mauritanienne pour ne citer que ces menaces.

Alors si Mna est un début de vrai mouvement et pas un coup de bluff, qui est-il ? Que veut-il au juste ? Quelles sont ses revendications précises ? Le Mna dénonce aussi très clairement l’arrestation à Tombouctou de deux de ses militants (Mossa Ag Achartaman et Boubacar Ag Fadhil) par l’Etat malien. Qu’en est t-il ?  Jusqu’où un Etat peut-il garder le silence et faire dans la discrétion à l’heure adverse d’internet, du téléphone portable et du GPS ?

Adam Thiam

 

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