« Certain d’entre eux n’ont même pas le sens de la patrie », a regretté le Président Dioncouda Traoré dans un discours prononcé le 8 février 2013 sur les affrontements entre militaires mutins et forces de l’ordre. Quel patriotisme pour le Mali ? Ou : Qui est vrai patriote ? Ceux du mouvement Nko, adeptes d’un retour à l’authenticité à partir de l’écriture Nko ? Ou les patriotes de la CEDEAO, ceux-là mêmes qui croient que la MISMA doit commencer par attaquer Kati ?
Les islamistes, qui rappellent volontiers que le pays est à 90 % musulman ? Ou plutôt les humanistes internationaux, autrefois appelés marxistes-léninistes ou maoïstes, se disant héritiers du régime socialiste de Modibo Kéïta, qui ont quitté l’Assemblée nationale et refusé d’intégrer le gouvernement intérimaire de Dioncouda ? Depuis l’indépendance, les dirigeants maliens, eux, auront tout essayé : le socialisme, voire la révolution maoïste avec Modibo Kéïta, le libéralisme pur et dur avec le Comité militaire de Libération nationale, le développement intégré de l’UDPM, proche du socialisme, enfin le libéralisme modéré de l’ère démocratique. Avec le régime démocratique, commencé en 1992, on gouverne sans complexe, avec le soutien moral et surtout matériel de la communauté internationale. Celle-ci, il faut le dire, avait participé à la chute du régime de Moussa Traoré, et ne s’en était même pas caché, puisqu’au procès du régime, la Fondation Liberté de Danièle Mitterrand avait été citée, que François Mitterrand lui-même avait été désigné comme le bourreau des régimes qui avaient rejeté l’ouverture démocratique… C’était, en quelque sorte,la première intervention de la France en faveur du mli, pour instaurer la démocratie, avec lamême célérité que l’actuelle intervention, puisque, comme l’a noté le président Mitterrand à l’époque, on était à deux jours du congrès de l’UDPM de Moussa Traoré, et qu’il fallait absolument lempêcher de barrer la route aux vrais démocrates. Mais voilà que, pour la première fois depuis l’indépendance, l’Etat du Mali a failli disparaître, emporté par les hordes islamistes coalisées avec un mouvement rebelle touareg minoritaire… Alors que c’est le régime ATT, estampillé démocratique par la communauté internationale, qui eût dû être la solution définitive. La voie « démocratique », que le président nigérien, Mahamadou Youssoufou, présentait encore ce 3 février comme la solution. C’est même pour cela que l’accord de paix signé par le gouvernement de la Deuxième République (Accord de Tamanrasset) a été jugé illégitime et repris quelques mois plus tard sous le nom d’Accord d’Alger) à l’avènement de la Démocratie multipartite. Il est bon de rappeler que les agitateurs du Sud avaient relancé en décembre 90 leur mouvement essoufflé, se plaignant que si le régime avait fait des concessions aux rebelles, pourquoi pas à eux les démocrates ? Ce sont ces jeunes qui forment depuis vingt ans les contingents menaçant constamment l’Etat, lui tenant le couteau sur la gorge, se faisant octroyer des avantages au-delà des moyens de l’Etat, amenant le doux ATT à baisser les bras : l’incompétence et le favoritisme avaient envahi tous les domaines, y compris l’armée, qui n’existe plus pratiquement. Au plus fort des périls, en 2012, cette jeunesse dorée n’a pas cessé les cortèges, ni d’ailleurs les revendications. Et d’ailleurs, pour les nommer, l’AEEM et l’UNTM n’ont jamais accepté le pluralisme démocratique, pour lequel ils affirment pourtant avoir versé le sang des martyrs. Il fallait bien que la Troisième République leur accorde les bourses, les salaires et les emplois promis ! C’est en vain que maint sage avait prévenu que le pays allait droit dans le mur.
Ibrahima KOÏTA
Si l’impunité est la plaie du Mali, tant au niveau des Collectivités territoriales que des Services étatiques, pourtant, rendez-vous à Bamako-Coura, vous serez surpris du nombre de hauts fonctionnaires et de gros commerçants qui méditent sur leur sort. Le problème de l’impunité, c’est qu’il faut : i) accuser, ii) trouver les témoins à charge et les preuves, iii) ensuite condamner, iv) et ensuite, que les maliens dans leur large majorité ne trouvent pas que vous êtes maudits si vous ne volez pas en tant que cadres. EN ATTENDANT DE POUVOIR CONDAMNER UN ELU OU UN FONCTIONNAIRE S’IL NE JUSTIFIE PAS L’ORIGINE DE SES BIENS. Et Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Si la corruption est la chose la mieux partagée au monde, il faut tout de même reconnaître qu’il y ait des acquis énormes depuis le 26 mars 1991…
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