Dans un document, daté du 13 juillet 2023, de la Police nationale, qui fait actuellement la boucle sur les réseaux sociaux, il est mentionné : « Tout militaire de la Police nationale est interdit d’usage des réseaux sociaux. Pour tout manquement, l’auteur s’expose à des sanctions sévères ». Si l’interdiction ne concerne que les usages personnels mais non professionnels des militaires de la Police nationale, elle s’avère une décision opportune et responsable. D’autant que la Loi n°2022-037 du 27 octobre 2022, militarise la Police nationale et la Protection civile.
Les militaires de la Police sont à priori des internautes comme tout autre, qui ont normalement droit aux réseaux sociaux, mais leur statut militaire leur procure aussi des spécificités. Lesquelles exigent qu’ils soient soumis au devoir de réserve. Tant il est aussi vrai que l’utilisation anarchique des réseaux sociaux peut conduire à la propagation rapide de fausses informations. Toutes choses qui pourraient profiter à l’ennemi terroriste. Qui œuvre inlassablement à pousser les internautes à communiquer pour ses sales besognes.
Dans la situation de guerre asymétrique que connait le Mali, depuis plus de dix ans, il est donc tout à fait logique que le militaire de la Police Nationale soit privé de communiquer librement avec une liberté de ton et d’expression. Car, dans l’exercice de ses fonctions, il pourrait disposer d’informations privilégiées sur les questions de Défense et de Sécurité nationales. Alors que la communication est devenue, de nos jours, un facteur important dans la guerre conventionnelle comme dans la lutte antiterroriste. Dès lors, toute mauvaise communication sur les réseaux sociaux, pourrait profiter aux forces terroristes.
Lorsque l’on se base sur ce postulat, même si la décision de privation des militaires de la police nationale de réseaux sociaux à des fins personnels, peut être considérée comme drastique par une certaine opinion nationale, tout au moins, elle pourrait aider à préserver la sécurité nationale mais aussi faire face aux défis posés par la désinformation. Laquelle émane, le plus souvent, de la toile. Une autre raison de leur privation de la toile, est certainement d’ordre institutionnel : l’Armée et la Police sont désormais, dans notre pays, une même institution militaire centralisée et hiérarchisée.
Ce faisant, chez les soldats, en général et les militaires de la police, en particulier, la discrétion et le secret professionnel doivent absolument être de mise, sous peine de risquer de remettre en cause la sécurité des opérations sur le terrain. Cela est d’autant vrai que l’on a déjà connu des exemples de plans dévoilés ou des photos publiées sur Facebook ou Twitter, comme des vidéos postées sur YouTube. Des informations qui ont hélas contribué à mettre en danger, la vie des troupes sur les théâtres d’opération. Si la hiérarchie de la Police ne privait pas les militaires de la Police de la toile à des fins personnelles, il va de soi que ceux-ci continueraient de se comporter de façon irresponsable, à l’image de nombreux civils.
Gaoussou Madani Traoré