Edito : Traitement de faveur

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Par un communiqué laconique lu sur les ondes nationales, on apprenait jeudi soir (02 décembre) que l’ancien ministre de la Santé et vice-calife de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), Oumar Ibrahim Touré, a été inculqué et placé sous contrôle judiciaire. C’est dans le cadre de l’affaire dite du Fonds mondial de lutte contre le palu, un projet financé par l’étranger et dans lequel des ripoux maliens se sont servis à volonté. Des milliards de francs CFA auraient été volés entraînant du coup la suspension pure et simple du programme. Soulignons, simplement pour l’humour, que la justice malienne n’oblige pas Oumar Ibrahim Touré à dormir sous… moustiquaire imprégnée, le temps de sa liberté surveillée.

 

Il faut se réjouir, pour le bien du Mali et pour sa réputation internationale, qu’enfin l’on ait compris que ce dossier mérite un traitement judiciaire loin du laxisme et de l’impunité habituels. Bravo ! Cependant, nous ne pouvons que constater, amèrement, que nous sommes encore aujourd’hui dans la stricte application du principe de traitement de faveur, ou ce que l’on appelle vulgairement « justice à deux visages ». Pourquoi ? Depuis août 2010, dix mois exactement, des hauts cadres du ministère de la Santé, des subordonnés directs d’Oumar Ibrahim Touré, ont été arrêtés pour les mêmes motifs et croupissent au fond d’une cellule, toutes leurs demandes de liberté provisoire ayant été promptement rejetées. Il est difficile d’avaliser l’hypothèse selon laquelle les subordonnés sont présumés coupables et le chef hiérarchique, celui sur qui tombe l’imputabilité de gestion, est présumé innocent, se la coule douce à la maison.

 

Au-delà de ce fait que l’on pourrait assimiler à un déni de justice, se pose le cas du second volet de l’enquête internationale qui épingle également le Fonds de lutte contre le sida dont le bras d’exécution est le Haut conseil national dirigé par Malick Sène et placé directement sous l’autorité de la présidence de la République. A notre connaissance, les sommes que l’on dit disparues sont plus importantes au Haut Conseil de lutte contre le Sida qu’au niveau du Fonds palu. Pourquoi, une justice présumée impartiale et équitable, peut-elle accabler à juste titre d’ailleurs les uns et ignorer superbement les autres. Qu’attend-on pour fouiller sérieusement dans les comptes du Commissariat à la sécurité alimentaire, également rattaché à Koulouba et dont la patronne, épinglée mauvaise gestionnaire, vient d’être éjectée ?

 

Entendons-nous bien : Nulle intention de notre  part de défendre, par quelque argutie que ce soit, les impérities et « fautes » de gestion d’Oumar Ibrahim dont nous avons publiquement réclamé le renvoi du Gouvernement. Nous souhaitons en tant que citoyens, nous exigeons en tant que démocrates, de mettre fin à cette justice de faveur qui cajole les uns et accable les autres. Le détournement de deniers publics, le vol, la prévarication, la corruption, la concussion sont des crimes qui doivent être traités avec la même rigueur et la même célérité. Tous ceux qui, dans les rapports du Vérificateur général et/ou de la CASCA sont soupçonnés de vol doivent subir le châtiment de la justice. Sans égards à leur rang ou leur notoriété. C’est à ce prix seulement qu’il sera dit que la justice a joué son rôle. Tout le reste n’est que divertissement.

 

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