La société civile malienne avec à sa tête Bréhima Allaye Touré, vient de regagner en sagesse en sortant le pays de l’impasse des concertations nationales dont la seule certitude était de consacrer l’élargissement du fossé entre les enfants du pays en validant l’installation du Mali dans une situation d’exception. Le report des concertations nationales qui étaient annoncées du 11 au 13 décembre a été encore une fois de plus salutaire et sanitaire. Les organisateurs de ces concertations dites nationales ne cachaient plus leur volonté de chasser le Président de la République par intérim et du Premier ministre de la transition et de les remplacer par des organes qu’ils veulent ériger à hauteur d’institutions, tout en prenant soin d’écarter les institutions de la République dont la Constitution du 25 février 1992, la Grande Garante de l’Ordre Républicaine et des acquis de mars 1991.
Les organisateurs des concertations qui n’auraient rien de nationales, ne cachaient plus leur volonté de BALANCER par dessus bord cette Constitution malienne. La Commission d’organisation des concertations nationales sous l’influence des militaires et de la Copam (Coordination des organisations patriotiques du Mali) pro-putschiste poursuivent leurs activités en d’un parachèvement du coup d’Etat du 22 mars 2012. Que dire de la condamnation des leaders de la Copam pour les actes de troubles à l’ordre public le 21 mai 2012, au cours desquels le Président de la République par intérim Dioncounda Traoré a été bastonné dans les bureaux du Palais de Koulouba par des manifestants sortis pour répondre à leur appel ?
Des leaders de la Copam comme Hamadoun Amion Guindo, Younouss Hamey Dicko et Rokia Sanogo ont été condamnés à six mois d’emprisonnement avec sursis. Ce énième report indique que le retour à l’ordre constitutionnel grâce aux appuis de la communauté internationale apportés à notre pays, a besoin d’encore plus de consolidation. Et les démocrates maliens d’avantage de mobilisation.
La sagesse de l’initiative de la société civile est sans équivoque. En plus du regroupement FDR, la position de l’ADPS est sans ambigüité. L’Alliance des Démocrates patriotes pour la sortie de crise (ADPS), le regroupement politique présidé par l’ancien Premier ministre Soumana Sako a récemment soumis une plateforme à la signature des organisations maliennes où parmi les grandes lignes figure la priorité à la libération du nord avant les élections et toute concertation. « les concertations actuelles viennent mal à propos et elles ont été préparées dans une logique d’exclusion. Elles sont partielles et partiales, elles ne sont pas participatives : les régions ne sont pas représentées, tous les regroupements politiques et des pans entiers de la société civile n’ont pas été impliqués ni dans l’élaboration des termes de référence ni dans la préparation des documents thématiques et la représentativité de certaines organisations n’est pas établie », déclarait Edmond Dembélé, le Secrétaire politique de la CNAS-FH au siège de son parti, lors de la conférence de presse organisée par l’ADPS le 21 novembre dernier.
L’ADPS qui a été exclue de la commission d’organisation, n’a même pas reçu les termes de référence qui seront discutés. Pour ce regroupement, l’impératif de libération des régions du nord est préalable à toute concertation. « Le timing pour tenir ces concertations nationales ne nous convient pas. Nous pensons qu’il faut d’abord aller libérer le nord du pays et après toutes les forces vives du pays vont s’asseoir pour faire le bilan de ce qui a été fait avant de décider de l’avenir du pays», selon Edmond Dembélé.
A la clôture de sa session de novembre, le mardi 4 décembre le Haut conseil des collectivités (H.C.C) à travers son président, Oumarou Ag Mohamed Ibrahim Haïdara, le H.C.C a souhaité que les concertations se tiennent dans le « respect strict de la constitution du 25 février 1992 ». De son côté, le Bureau de l’Assemblée Nationale élargi à tous les Présidents de Groupes parlementaires, réuni le mardi 04 décembre 2012, sur l’organisation des Concertations Nationales, a adopté une déclaration pour dire : « L’Assemblée Nationale souhaite, à un moment où les 2/3 du territoire national sont occupés, que lesdites concertations – si elles doivent se tenir- se déroulent dans des conditions et autour d’un ordre du jour acceptés et partagés par toutes les forces vives de la Nation ». L’Assemblée Nationale, « au regard des énormes risques pesant sur la cohésion nationale et la crédibilité des autorités nationales devant la Communauté Internationale », rappelle que ces concertations doivent viser à renforcer les organes de la transition pour atteindre l’objectif essentiel autour duquel tous les fils du pays doivent s’accorder en ces moments extrêmement difficiles de la vie nationale à savoir, « la libération des régions du Nord et le retour à l’ordre constitutionnel normal à travers l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes », indique la déclaration de l’Assemblée nationale.
B. Daou