Edito / Ton pied, mon pied

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La nébuleuse jihadiste ne se découvre qu’à son corps défendant. Or depuis l’annonce de la mort de Ben Laden, selon des sources autochtones convergentes, les hommes de Droudkel sillonneraient les marchés de la Région Tombouctou, achetant et sacrifiant des bœufs pour des populations en carence de protéines et leur demandant, en retour, de prier pour le martyr saoudien.

Mais l’article de notre confrère tombouctien, le Lafia Révélateur nous coupe le souffle. Aqmi n’est pas dehors que pour le repos de l’âme de Ben Laden. On n’a pas besoin d’être un expert en sécurité pour comprendre que les jihadistes sahéliens ne « téléchargent » pas le grief de la « Base ». Confrontés à leurs propres enjeux, à des milliers de kilomètres de Tora-Bora, c’est ce qui se passe à Bamako, Niamey, Alger ou Nouakchott qui les concerne.

Or Bamako, justement, sonnait le tocsin contre eux. Ils savent maintenant que soixante quinze mille hommes – même si c’est plus une proposition qu’une décision adoptée- pourraient les affronter dans un avenir proche. En attendant, ils sortent une partie de leur arsenal, traversent les villes et les prés, campent et distribuent des friandises à des enfants sans doute séduits. Déjà un mauvais message ! Ensuite, ils réaffirment que leur objectif n’est ni l’armée ni les populations du Mali, mais les Occidentaux.

Une communication insidieuse en direction de nos soldats, donc un autre mauvais message ! Puis, comme le discours officiel les présente plutôt comme des tire-au flanc plus intéressés par le trafic et la prise d’otage que le prosélytisme, ils se mettent à prêcher et à chercher à recruter. Enfin, ils décident de battre en brèche la croyance populaire selon laquelle, ce ne sont que des Algériens en cherchant à démontrer qu’au contraire ils sont une internationale solidaire du salafisme. Entre Aqmi et nos Etats, la bataille de la communication a donc déjà commencé, en attendant d’en découdre militairement.

Adam Thiam

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