Mardi dernier, à 16 heures, peu de temps après avoir passé près de deux heures avec ATT, le président mauritanien a rencontré à l’hôtel de l’Amitié, ses « frères » de la communauté arabe du Mali, une trentaine de cadres, notables et hommes d’affaires. Au centre des échanges qui ont duré une heure sur laquelle l’hôte aura pris quarante cinq minutes : Aqmi ; la présence militaire mauritanienne au Nord du Mali ; les relations entre Nouakchott et Bamako. Il est hors de question, a prévenu Abdel Aziz que son pays reste les bras croisés face à la menace salafiste.
Sa guerre préventive, il la continuera quels que soient les dommages collatéraux qu’il a certes regrettés, qu’il s’engage à réparer, s’il y a lieu mais qu’il estime inévitables. Au demeurant, insiste Aziz, il ne s’agit pas d’interventions unilatérales et cavalières mais de l’application d’un droit de suite existant entre les pays riverains de la menace terroriste. De surcroît, soutient-il, le Mali a été toujours informé de ce que fait la Mauritanie. Entre lui Abdel Aziz et ATT, tout baigne, à ses dires, mais « Belmokhtar ne peut pas s’asseoir à Arawane et Boujbea – au Mali – et endoctriner des adolescents qu’il envoie se faire exploser au nom de l’Islam ». Par ailleurs, le président mauritanien s’est dit informé de toutes les manœuvres et de toutes les intrigues tendant à renforcer la pieuvre terroriste et le narco trafic. Il a dénoncé, au passage, la pratique de l’échange entre les prisonniers salafistes et les otages avant de se moquer un peu (« d’ailleurs le Mali n’a même plus de détenu islamiste à échanger- et de se mousser beaucoup (« quant à la Mauritanie, nous avons plein de terroristes d’Aqmi en prison »). Tout ça c’est beaucoup, peu amical et totalement renversant en diplomatie. Surtout que c’est Aziz qui serait l’initiateur de la rencontre. Ainsi, il ne suffit pas de transformer une partie du territoire national en champ de bataille pendant plusieurs jours, au nom d’un droit de poursuite qui doit, d’évidence, être mieux codifié. Il ne suffit pas que le visiteur engrange les dividendes de la lutte antiterroriste. Il faut maintenant qu’Abdel Aziz vienne jusqu’à Bamako élargir son réseau de sympathie. Un tel culot, en effet, mérite le tapis rouge.
Adam Thiam