L’un était à Robben Island pendant des années. L’autre se trouve à Riken Island depuis quelques heures. Le premier a été envoyé derrière les barreaux par des Blancs. Le second doit son incarcération à une Noire. Nelson Mandela est sorti de prison avec le V de la Victoire devant une planète subjuguée.Dominique Strauss Khan y est entré la tête basse devant une planète médusée. Pourtant, tous les deux doivent leur célébrité à leur détention.
Et tous les deux avaient des destins présidentiels. Mandela assumera le sien et quittera le pouvoir une fois de plus sous l’admiration de la planète. Strauss Khan, hélas, aura dégringolé de la cime des sondages au fond de l’opprobre sous le regard incrédule de ceux qui ne le connaissaient pas du tout dans cette facette triste de sa vie. L’Elysée, il y était presque mais elle n’a jamais paru aussi loin qu’aujourd’hui. Son honneur est terni et sa liberté compromise.
Et sauf coup de théâtre spectaculaire où ses avocats auront convaincu le grand jury d’un montage ignominieux contre l’honorabilité d’un homme en pleine ascension, – ce genre de suspens en matière de harcèlement sexuel aux Usa n’existe hélas que dans les feuilleton hollywoodiens- il faut bien craindre que ce ne soit la fin de la course pour le patron du Fmi. Mais patron pour seulement quelques heures encore car les institutions continuent et ne paient pas pour les turpitudes de leurs serviteurs! Bien sûr, que son accusatrice soit une Guinéenne influence un peu le regard de l’Afrique sur l’affaire, et nombreux sont, sur le continent, ceux qui prient pour le mari d’Anne Sinclair. Il avait su à la faveur de la crise financière internationale, remettre en cause les certitudes du temple libéral, convaincre les étudiants de Jo’berg et partagé la mal-vie du bidonville kenyan de Kibera. Il avait su plaider pour l’Afrique, c’est incontestable.
Et personne n’a jamais questionné ni les compétences ni la grande intelligence ni la doctrine partageuse de l’homme. Tout le monde a à l’esprit la polémique sur la justice américaine et les circonstances encore peu claires de l’affaire. Si la plainte est fondée, c’est pourtant sur le drame de la victime qu’il faut s’attarder. Le PS et à la France n’ont qu’à faire ce que Strauss Khan a parfois omis de faire : serrer la ceinture.
Adam Thiam
DOCUMENT (lepoint.fr). Ce qui est reproché à Dominique Strauss-Kahn
Le tribunal de New York a décidé de maintenir DSK en détention, lundi. Voici les accusations qui pèsent sur lui (traduction Le Point.fr) :
"Le peuple de l’État de New York contre Dominique Strauss-Kahn (M62).
Le détective Steven Lane, matricule 03295 de la brigade de détectives de l’Unité spéciale de Manhattan, constate ce qui suit. Le 14 mai 2011, vers midi, à l’adresse 45 West 44th Street, dans le comté et l’État de New York, la plaignante a déposé plainte sur les chefs d’accusations de :
1. Acte sexuel criminel au premier degré (deux chefs d’accusation)
2. Tentative de viol au premier degré (un chef d’accusation)
3. Abus sexuel au premier degré (un chef d’accusation)
4. Séquestration au second degré – preuve par ADN admise (un chef d’accusation)
5. Agression sexuelle au troisième degré – preuve par ADN admise (un chef d’accusation)
6. Attouchement sexuel – preuve par l’ADN admise (un chef d’accusation)
L’accusé a tenté d’avoir, par la force, une relation sexuelle anale et orale avec une autre personne ; l’accusé a tenté par la force d’avoir des rapports vaginaux avec une autre personne ; l’accusé a forcé une autre personne à un contact sexuel ; l’accusé a séquestré une autre personne : l’accusé a obligé une autre personne à un contact sexuel sans le consentement de cette dernière ; l’accusé a de façon intentionnelle et sans raison légitime touché les parties sexuelles et autres parties intimes d’une autre personne dans le but d’avilir une autre personne et d’abuser d’elle, et dans le but d’assouvir le désir sexuel de l’accusé.
Ces attaques ont été commises dans les circonstances suivantes : le soussigné déclare que le soussigné a été informé par une personne connue des services du procureur que l’accusé 1) a fermé la porte de la pièce et a empêché la plaignante de quitter cette pièce ; 2) a attrapé la poitrine de la plaignante sans son consentement ; 3) a tenté de retirer de force le collant de cette personne et de toucher la zone de son vagin de force ; 4) a forcé la bouche de la plaignante à toucher son pénis à deux reprises ; 5) a pu commettre ces actes en utilisant sa force physique.
Toute fausse déclaration est passible d’un délit de classe A prévu par l’article 210.45 du code pénal."
Le Point.fr – Publié le 17/05/2011 à 18:05