Edito / Sous les feux de la rampe… et d’Aqmi

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Autres leaders, autres mobiles ? En tout cas, le Mali n’aura pas fait comme l’Ethiopie qui n’a jamais porté devant les pairs de Melesse la question de la rébellion de l’Ogaden. Ni même comme le Sénégal qui a toujours refusé que l’organisation continentale s’intéresse à la crise casamançaise.

Et si les conflits soudanais, notamment celui du Darfour, ont été « gérés » par l’Ua, on le doit plus au devoir d’ingérence actionné par Konaré devant une tragédie qui ne pouvait pas se dérouler impunément pour l’image de la nouvelle Commission de l’Union africaine. Du reste, les autorités soudanaises avaient, il faut s’en souvenir, remué le ciel et la terre pour que ce linge sale ne soit lavé qu’en famille. C’est-à-dire à l’intérieur du Soudan.

Les tenants de la ligne « touche pas à mes affaires intérieures », une jurisprudence pouvait être invoquée : celle que même les démocraties avancées n’ont pas hasardé le doigt national dans l’engrenage régional ou international. Avec quelque raison d’ailleurs, car on ne se souvient pas d’un débat de l’Union européenne sur les questions corse, basque ou irlandaise. Dans un sens donc, le Mali fait reculer les frontières de l’orgueil en politique en mettant en débat la crise actuelle au Nord, sa Corse à lui.

Ca s’explique : dans une large mesure, le Sahel est le premier grand blessé de la campagne de Libye autorisée par les Nations-Unies et déconseillée par un panel ad hoc de l’Ua restée fidèle à sa tradition, hélas, de ne jamais parler d’une voix.  Quelque part donc, c’est un devoir moral pour la communauté internationale de porter assistance aux pays du Sahel subitement confrontés au retour massif de leurs nationaux  avec la chute de Kadhafi. Mais Bamako ne doit pas se faire d’illusion.

Le « kit de résolution de conflit » ne changera pas : flopée d’envoyés spéciaux et de potions qui se neutralisent ; peut-être force interafricaine ou onusienne sinon hybride ; dépenses sécuritaires monstrueuses contre des miettes pour le développement ; rapports en cascade. Bref une internationalisation du conflit qui sent le syndrome afghan dont tous les signes sont là : les moujahidines, les Tora Bora, les pachtounes locaux, les séparatistes, les per-diem alléchants. Et bien sûr, les caméras vont suivre. Pour le bonheur d’Aqmi.

Adam Thiam

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