Un avion présidentiel autre que celui du Mali qui se pose à Bamako. Depuis mars dernier on n’avait pas vu ça. Le Nigérian Goodluck l’a fait vendredi. Et autant de personnalités importantes dépêchées au chevet de notre pays comme ce fut le cas le même vendredi est aussi un record. Nul doute qu’en battant ainsi le rappel de Bamako, la communauté internationale cherche à envoyer un double signal : l’un aux autorités maliennes soupçonnées de faire dans le dilatoire pour chambrer la transition, donc s’éterniser au pouvoir et l’autre, aux jihadistes du Sahelistan de plus en plus donnés pour des émirs de la poudre dans les convois de Toyota et…dans les yeux du monde.
L’Union africaine aura eu le mérite, en fin de semaine, de mettre en débat et la question vitale d’une transition qui ne ressemble pas à celle de la Côte d’Ivoire de Gbagbo et la question tout aussi vitale d’une reconquête du Nord malien qui ne ressemble pas à l’arlésienne bien connue de la littérature. Les partenaires du Mali n’ont pas lésiné sur l’offre de solidarité à laquelle les invitait Dioncounda Traoré et une telle expression d’intérêt, au-delà de la realpolitik, est franchement émouvante et encourageante. De Mme Zuma de l’Union africaine et Romano Prodi, le sherpa sahélien de Ban Ki Moon aux bilatéraux, le Mali peut compter sur la communauté internationale. Et Addis-Abeba pourrait, même, dans quelques heures, lever la suspension du Mali et ouvrir la voie à la reprise de la coopération financière avec le Mali dont le gel, – plus de six cent milliards de Cfa- fait redouter au président Traoré une guerre contre le Mali réel, celui des ruraux, agriculteurs, éleveurs ou paysans. Sur la transition, la patience des partenaires est limitée. Goodluck insiste sur des élections avant avril, délai fixé par la Cedeao pour la fin de la transition. Des congressistes du vendredi ont même plaidé pour début 2013 pour la présidentielle. Dioncounda Traoré ne les entend pas. S’il estime indispensable d’avoir un pouvoir plus légitime pour s’attaquer à l’épineux dossier du Nord, il n’est pas de ceux qui battront campagne pour un scrutin sans Gao, Tombouctou et Kidal. Son problème sera là. Hollande lui fera l’accolade pour avoir dit cela. Mais le président malien ne sera pas étouffé par les compliments sur la question. Car derrière l’exigence formulée d’aller vite aux élections se cache un procès qui n’est pas relayé par mégaphone : celui du tri-céphalisme cacophonique qui passe pour gouverner le Mali. Ou pour être exact, ne pas le gouverner.
Adam Thiam
Commentaires via Facebook :
Mais M.Thiam pourquoi les novices ne s’inspirent pas de vos analyses avant de nous balancer du n’importe quoi.Une fois de plus merci
wait and see…les choses vont se clarifier, cette guerre est inutile et évitable bien vraie que pour négocier il faut être en position de force, mais ceci dit un conflit est une catastrophe humanitaire et économique!…
Vous écrivez “En attendant que la CPI, dans le labyrinthe de ses procédures, arrête les criminels du MNLA qui vivent au Burkina, en Mauritanie, en Algérie ou en France…”.
Vous oubliez la bande à SANOGO (de voyous et d’alcooliques) de KATI. Tôt ou tard la CPI devra s’en occuper…
coco=blanche neige= sanene ba kulé fa kulé den kulé itakou bakou 😛 ❓ 😛
Je ne vois aucune ambition réelle d’aller à l’essentiel c’est-à-dire la reconquête du nord et les élections pour le triumvirat au Mali. Chacune de ses composantes est sûre qu’elle a bénéficié d’un cadeau du ciel pour arriver au sommet et que par des voies légales, difficile d’y accéder. Pourquoi donc bouger quand on s’y plait.A bon escient, l’UA fixe un terme pour la transition avec des élections libres, honnêtes et crédibles, ce qui à mon sens veut dire vous avez moins de trois mois pour libérer le nord; mais avec quels moyens?
Qu’on arrête de nous divertir. Comment ce gouvernement fantoche pourra-t-il s’éterniser au pouvoir ? Il n’a que deux mandats :
1) libérer le nord
2) organiser des élections libres et transparentes sur base d’un fichier biométrique.
Si les sanctions ont été salutaires au lendemain du coup d’état pour permettre l’installation d’un président selon les principes de la constitution du Mali, la demande d’appui de la CEDEAO et des Nations Unies met le Mali actuel sous tutelle de fait. Il n’y a aucune raison alors de maintenir encore cette sanction. Ce serait comme sanctionner le gouvernement de la CEDEAO qui a alors en face d’elle :
1) un gouvernement insolvable (même la Présidence et EDM n’arrivent plus à honorer leurs créanciers),
2) la récession et l’anarchie avec son corollaire de destruction ou blocage de l’éducation, de la santé, des infrastructures routières, des vols, des viols, des mariages forcés, des trafics de drogues et d’armes, des enlèvements, des assassinats, etc. etc. etc.
Ensuite les brigades d’autodéfense formées, armées et encadrées par l’armée et la CEDEAO devraient protéger les villes et villages dégarnis que ces bandits isolés ne manqueront pas d’attaquer. Les villes importantes pourront toujours être protégées par les troupes de la CEDEAO qui éventuellement pourraient sécuriser la reprise des projets de développement importants déjà financés au Nord Mali (Barrage de Taoussa, Route Niono-Tombouctou, Route Bourem-Kidal, etc.) Car, il ne faudrait jamais oublier que le banditisme/terrorisme se nourrit de l’analphabétisme, surtout du chômage et du désespoir de jeunes désœuvrés.
En attendant que la CPI, dans le labyrinthe de ses procédures, arrête les criminels du MNLA qui vivent au Burkina, en Mauritanie, en Algérie ou en France…
Merci Thiam pour tes analyses combien pertinentes
Voilà un vrai journaliste. Pas plat et bete comme cet éditorialiste frélaté de Chahana Takiou qui nous distille des anneries. Merci Thiam pour ton professionalisme.
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