Dans notre livraison précédente, dans la même chronique, on n’a pas manqué d’attirer l’attention des uns et des autres sur les conséquences du changement climatique afin qu’on ne lie pas tout à « la bonté ou à la colère divine ». Cela qu’il pleuve ou qu’il fasse chaud. Sur ces lignes, nous avons demandé un changement de comportements à tous les niveaux, des décideurs aux citoyens en passant par les nouveaux investisseurs dans l’immobilier, vis-à-vis de notre environnement.
Ironie de sort ou hasard de circonstances, jeudi une surprenante pluie a réveillé de leur sommeil, les habitants de la capitale, certains du pied gauche.
Etant donné que la suivie des informations météorologiques n’est pas dans les habitudes de beaucoup, personne n’a pu confirmer ou infirmer si les services de la météo avaient prédit une telle forte pluie sur la cité des 3 caïmans. Mais ce qui reste évident est le fait que le niveau de pluie recueilli et communiqué après l’orage sort de l’ordinaire, surtout en cette période de forte chaleur. Ainsi les hauteurs de pluie recueillies font état de 58,1mm pour le centre-ville de Bamako, 138,3mm à Sotuba en commune I, 48mm à Senou, et à Katibougou il a été enregistré 23,2mm. Ces hauteurs de pluie ont été enregistrées entre 03H30 et 08H. Avec de telles données pour une ville comme Bamako l’on doit s’attendre logiquement à des cas d’inondations. Ce qui a malheureusement été produit à cause de cette pluie matinale (Sogoma Sandji).
Elle a démenti le proverbe qui dit que : « la pluie matinale n’est pas journal », car la journée du jeudi 16 mai n’a pas suffi pour de nombreuses populations des quartiers de la capitale, à pêcher leurs morts, ramasser leurs affaires des cours d’eaux. Les dégâts ont été énormes et l’indignation totale. Le Chef de l’Etat a écourté son séjour à l’extérieur (Paris) pour venir apporter son soutien, celui du peuple aux familles indignées. Comme toujours, lors de telles circonstances, il a tenu des propos qui apaisent, mais qui ne pansent pas les plaies.
Cependant, pour une des rares fois dans notre pays, face à un drame, l’on a du mal à porter le chapeau à une seule personne, une seule entité ou une structure unique. Autant les élus sont coupables d’avoir transformé des lits et servitudes de cours d’eau en espace d’habitation, de cette même manière les habitants sont complices d’avoir fermé les yeux sur les dangers. Idem pour les autorités publiques, qui sont fautives de ne pas sanctionner en vaillant sur des servitudes de marges latérales.
Pourtant les textes en vigueur sont très clairs.
Pour la sécurité routière : « les marges latérales pour la sécurité de la circulation le long des voies routières sont des distances pouvant aller jusqu’à 20 mètres selon l’envergure de la route ».
Pour les voies ferroviaires : « elles sont de 50 mètres de part et d’autre de l’axe de la voie ferrée ». Cela est valable tout au long des lignes de haute tension, suivant l’intensité du courant.
Quant aux cours d’eau, elles sont d’une part à l’ordre de : « 25 mètres de chaque rive s’ils sont flottables ou navigables » et d’autre part de : « 10 mètres de chaque rive s’ils ne sont pas flottables et navigables ».
Inutile de vérifier si ces normes ont été respectées dans ces nouvelles zones sinistrées par les inondations du jeudi 16 mai. Et gare à celui qui oserait fouiner son nez dans la réglementation de ces constructions sauvages, pour la plupart réalisées avec des fonds détournés des caisses publiques et d’expropriation des pauvres de leur foncier rural.
La pluie matinale ‘’Sogoma Sandji’’ n’a pas dit son dernier mot, car « elle ne mouille pas une seule personne », dit la chanson.
La Rédaction