Edito :rnDéficit de débat, défaut de soutien

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Au moment où notre pays accueille la 4e Conférence de la Communauté des Démocraties, le président Amadou Toumani Touré fait face à une contestation brusque et inattendue par rapport à deux projets qui lui tiennent incontestablement à cœur : celui de l’abolition de la peine de mort et celui du nouveau code de la famille. Contestation brusque et inattendue parce que rien ne laissait présager que les milieux les plus hostiles à ces deux projets allaient tenir le haut de pavé sans véritable opposition en face. Faute de pouvoir prendre d’assaut les espaces généralement réservés pour les débats et conférences, les opposants utilisent le maillage des mosquées pour véhiculer leurs positions et « exciter » les foules. Le président de la République, qui pensait certainement qu’en annonçant ces deux projets il allait être sinon félicité du moins encouragé, se rend compte que la partie est loin d’être gagnée et que même à l’Assemblée nationale les jeux ne sont pas totalement faits. Du coup, il se retrouve en face de deux options embarrassantes : soit opérer un passage en force en faisant voter les deux projets de loi en se disant que malgré tout la vague va redescendre et que tout rentrerait dans l’ordre ; soit se dire que le pays n’est pas suffisamment prêt pour digérer ces deux lois en même temps et qu’un débat de plus n’est jamais un débat de trop par rapport à des sujets sensibles.

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Pour notre part, nous pensons que les sujets qui valent au président de la République d’être traité de tous les noms auraient mérité d’être remis à jour. Notamment en ce qui concerne le projet de nouveau code de la famille qui avait été soigneusement rangé dans les tiroirs par son prédécesseur face aux résistances et que lui-même avait « feint » d’oublier lors de son premier mandat. Un ultime tour de table aurait sans doute permis de défouloir pour tous avant qu’il ne tranche. Ce qui est par contre navrant, c’est que le président ATT semble être le seul à défendre ses projets. A la notable exception de Me Kassoum Tapo, qui a semble-t-il le don d’énerver plus que de raison les milieux hostiles aux projets présidentiels, on n’entend personne. Ni la cohorte des partis politiques encore moins les associations et Ong féminines qui ont été particulièrement actives dans la rédaction du projet de nouveau code de la famille. Comme d’habitude, ils attendent certainement de voler au secours de la victoire et à organiser des manifestations de soutien à notre Président bien aimé pour sa clairvoyance.

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Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga

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