Selon la légende, il fut un temps où les gouvernements de certains pays d’Amérique du Sud étaient tellement faibles qu’ils avaient abdiqué face aux multinationales. Des pays comme la Bolivie, le Nicaragua ou le Salvador ne pouvaient compter que sur deux entreprises privées pour éviter le naufrage final et ces deux sociétés étaient américaines. Il s’agit de Chiquita et Dole, leaders incontestés de la planète dans le domaine du commerce de la banane. Chiquita et Dole étaient arrivés à un tel point de puissance qu’elles préfinançaient les salaires des fonctionnaires de ce pays et, évidemment, faisaient régner la terreur. Elles avaient des milices, des gros bras pour mâter toute tentative de syndicalisation, terroriser les récalcitrants et surtout, suprême injure, elles fixaient directement les prix d’achat des bananes produites en dehors de leurs immenses domaines. Et la République de banane venait de naître dans l’imagerie populaire.
En Afrique, il est bon de se demander si, en cinquante ans d’indépendance, nous sommes un jour sortis de la République de banane. Et le cas du Mali dépasse toute imagination, particulièrement en ce qui concerne la multinationale de la téléphonie Orange-Mali. Les caravanes, distribution de T-shirts, casquettes et autres babioles peuvent impressionner les incultes et les attardés, mais voir l’élite et le Gouvernement du pays se mettre à genoux devant une entreprise étrangère dépasse l’entendement. Et le hiatus a commencé dès le début, Orange-Mali, à l’origine Ikatel pour sauver les apparences est née avec une tare congénitale : elle a obtenu sa licence dans des conditions qui restent encore mystérieuses pour le commun des mortels. Toutes les sources consultées affirment qu’elle n’a pas payé plus de dix milliards au Mali, alors qu’ailleurs, le même sésame a coûté plus de 40 milliards ! Qui étaient ces Maliens qui ont osé cette forfaiture ? En échange de quoi Orange a-t-elle obtenu une telle faveur ?
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rnMieux, alors que l’opérateur national pliait sous le poids des impôts et taxes, Orange-Mali est gratifiée d’une exonération totale alors qu’elle opère dans le secteur le plus rentable au monde ! Elle obtient donc des avantages indus pour tuer la compagnie nationale. Et mieux, elle a obtenu sa licence pour passer à la troisième génération en payant, de manière rétroactive, à peine 5 milliards. Et elle peut transférer, ni vu ni connu, plus de 100 milliards en bénéfices, hors du Mali. Et les Maliens continuent de s’appauvrir en enrichissant cet ogre ! Lisez les témoignages édifiants en page 7 suite à notre article de la semaine dernière. Non seulement Orange-Mali fourgue de la camelote à ses clients mais elle ignore ce qui signifie le mot « insatisfaction ». Et nous attendons d’autres témoignages.
Ces faits ne sont pas nouveaux et l’on sait qu’Orange-Mali, assurée de sa puissance et de son invincibilité a un des services à la clientèle les plus atroces et les plus arrogants d’Afrique. Il y a un troisième opérateur qui sera MTN ou Sudatel. Cependant, il faut retenir que tôt ou tard, Orange-Mali et ses complices cachés auront à répondre soit devant la Justice soit devant le peuple, de leurs actes. On ne peut donc pressurer impunément un peuple et le spolier de ses taxes et impôts sans conséquences. En attendant, indigènes insouciants du Mali, continuez à engraisser le monstre !
OPTION
*Titre du roman de Marouba Fall, excellent écrivain sénégalais
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