La fête du travail a été célébrée cette année dans un climat social trempé à l’amère saveur des efforts mal récompensés. C’est ce que traduisent les manifestations d’humeurs des travailleurs de plusieurs corporations, ces derniers mois et qui ont pris la forme de marche pacifique, si ce ne sont pas des grèves limitées ou illimitées dans certains cas.
Les syndicats des magistrats, de l’Enseignants supérieur et de la Recherche scientifique, de la Santé et de l’Action sociale, ont expérimenté la grève illimitée, tandis que d’autres comme ceux des Transporteurs, des Greffiers et Secrétaires de greffe, des Travailleurs du ministère des Affaires étrangères, des Enseignants du secondaire, ont jusque là essayé des grèves de quelques jours. Ces syndicats grévistes ont eu des fortunes diverses.
Si les magistrats et les agents de la santé et de l’action sociale ont eu quelque satisfaction, leurs camarades Enseignants de tous ordres et Chercheurs, ainsi que les Transporteurs, restent sur le pied de guerre et pourraient remettre ça, faute d’accord avec le gouvernement. Certains Maliens s’étonnent du réchauffement du front social, avec une multiplication alarmante des foyers de revendications, tous accusant l’Etat de mauvaise foi au sommet.
Tel le couvercle d’une marmite en ébullition, qui saute, les revendications des travailleurs de l’Etat poussent crescendo au point que les deux plus grandes centrales syndicales du pays, à savoir l’Union nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) et la Confédération syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM) menacent de joindre leurs luttes pour amener le gouvernement à satisfaire aux revendications qui sont pour l’essentiel des promesses gouvernementales. Il s’agit dans certains cas de protocole d’accord signé entre le gouvernement et les syndicats, que le premier rechigne à appliquer et veut payer en monnaie de singe.
On en déduit donc un réveil brutal des forces laborieuses qui avaient cru les yeux fermés, en la volonté des hautes autorités sur une récompense méritée de leurs efforts au service de la nation. Et qu’au lieu de cela, ils paraissent tels des canards sauvages. Qui mérite de la patrie mieux que les travailleurs ?
B. Daou