Edito : Un remaniement à manier

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Moustapha Diawara
Moustapha Diawara

A la différence d’IBK, Oumar Tatam Ly semble incarner un rock qui ne pleure pas dans son mouchoir à une moindre émotion. Cette posture s’accouple à cet homme avec la renommée d’un fin technocrate. Un banquier à dimension internationale qui ne doit rien à personne sauf à sa seule conscience. Un fils à papa qui jouit d’une double confiance : celle qui liait son père à IBK et celle qui la lie au même IBK.
Mieux qu’un challenge, l’homme se trouve aujourd’hui face à son véritable premier défi. En symbiose avec le président de la République, mettre en place un gouvernement pas d’union nationale mais de large ouverture, pouvant refléter non seulement les différentes colorations politiques des leaders s’agglutinés autour du prince du jour, mais aussi répondant aux critères privilégiés par  le régime actuel. Or, même en doublant le nombre de portefeuilles existant, les tablettes du banquier ne pourront pas résoudre toutes les équations posées. Surtout que ceux relevant de la famille des tisserands estiment qu’il serait attentatoire qu’un moindre dirigeant de leur giron politique soit laissé sur les raids.

A leur niveau ce remaniement s’annonce comme une affaire de vie ou de mort. Pour eux après avoir installé leur mentor, son fils et les poulains de sa belle famille aux affaires, le temps est sonné pour eux aussi d’être assuré de faire ce pouvoir. La seule occasion opportune pour traduire cette hypothèse en réalité reste les fauteuils ministériels qui seront délivrés bientôt. Du coup, l’actuel premier ministre, rassuré d’être reconduit se trouve esseulé au pied du mur. Son salut pourrait venir du fait que les loups politiques, désormais en action ne détériorent pas ses liens avec IBK.

Qui, contrairement à ses premières heures sur l’échiquier politique, est maintenant un homme manipulable, qui ne se rappelle pas toujours de ses promesses. Qui sous l’émotion et la ferveur de certains événements tient des propos, souvent sans suite. Qui, balloté entre ses enfants et ses amis d’aventure n’établit pas toujours le pont entre compromis et compromission.

Il revient donc, à Tatam Ly si réellement, lui aussi veut se sauvegarder une minime portion de digne dirigeant auprès de l’opinion publique nationale de rester sur ses principes. Comme certains de ses prédécesseurs à ce poste, notamment Soumana Sacko et Modibo Kéita. Pour ce faire, il doit rester intransigeant sur ces choix. Se séparer de certains de ces hommes et femmes que le seul atout est d’avoir du bon teint qui brille sous les projecteurs des salles de conférence et des cameras de l’ORTM. De ne pas se soumettre  aux instructions politiques pouvant maintenir au poste certains de ses collaborateurs actuels, profondément salis dans le marigot de la mauvaise gouvernance. Et de faire une liste de personnalités, soumises de pile en face à des enquêtes de moralité, de vérifications de qualifications mentionnées sur les CV.

Oumar Tatam Ly doit aussi savoir que sa probable reconduction n’est due ni à ses qualités personnelles encore moins à un moindre résultat de son gouvernement (en tout cas pas perceptible), mais peut être de la forte impression que le président de la République garde toujours de lui. Il a donc les manettes pour bien manier le prochain remaniement gouvernemental. S’il y’a lieu.

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3 COMMENTAIRES

  1. Nouveau gouvernement ou pas, le défi est d’obliger les cadres maliens à mettre en place cette gestion axée sur les résultats dont on nous rebat tant les oreilles. D’abord un choix de personnalités à la moralité trempée. Ensuite, gestion axée sur les résultats du Président, du Premier Ministre, de ses Ministres et de ses cadres, BREF UN SUIVI SERIEUX DES DOSSIERS SUR PAPIER ET SUR TERRAIN, DE LA BASE AU SOMMET, AVEC DES STRUCTURES DE CONTROLE SERIEUSEMENT SUIVIES, DOTEES DE RESSOURCES HUMAINES, MATERIELLES ET FINANCIERES SUFFISANTES. Tout le monde connait ces projets réalisés du début à la fin rien que sur papier, dans le meilleur des cas des infrastructures de qualité très moyenne.
    La dure réalité est que ceux qui ont été déguerpis des sites anarchiquement occupés reviennent calmement après le départ des policiers, ou les corrompent tout simplement. La solution pourrait venir :
    – soit, d’une SOCIETE CIVILE très informée et formée disposant d’un minimum de ressources qui ne cessera d’interpeller les autorités ;
    – soit, du Chef de l’Etat qui mettra en branle UN SYSTEME SOUTENU DE SANCTIONS, ET DE COMMUNICATION SUR LES SANCTIONS INFLIGEES AUX AGENTS EN UNIFORME ET AUX COLS BLANCS. Cela suppose que ledit Chef s’impose à lui-même un minimum de discipline, avec un minimum de cohérence entre les belles poésies et les actes.

    Quant à l’AMUSEMA, à défaut d’aider notre armée fantoche à faire la guerre, elle s’occupe essentiellement de ses perdiems, honoraires et autres marchés…

  2. Tout le monde parle de remaniement ministériel sauf IBK. Comment se séparer de sa famille ?

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