Elles sont, ces réalités, celles de la République du Mali, notre pays, notre patrie. Le seul que nous possédons, qu’aucun autre ne saurait remplacer. Mais, que nous est-il donné de constater ?
En deux mois, Bamako a abrité trois sommets : le Sommet Afrique-France, la rencontre des parlementaires de l’OCI et, tout récemment, le Sommet du G5 Sahel. Qui, ne serait fier d’un tel bilan ? N’est-ce pas là le retour du Mali sur la scène internationale ? Au plan intérieur, le conseil des ministres respecte sa périodicité : des décrets sont adoptés, des traités sont ratifiés, des nominations sont faites, des communications orales sont entendues et compte rendu est fait de tout cela au JT de 20 heures. Ainsi se trouvent réunies toutes les apparences de la normalité. La crise est derrière nous, pourraient soutenir certains.
Certains, pas tous. Il existe une autre réalité. Pas reluisante, celle-là. Avec plusieurs facettes. Ce sont, d’abord, par ces temps peu cléments sur l’étendue du Sahel, nos compatriotes pratiquement abandonnés à eux-mêmes, ne subsistant que grâce à l’humanitaire. Ce sont, ensuite, la peur et l’angoisse dans plus d’une localité. En effet, ce que, en tout premier lieu, le citoyen attend de l’Etat, c’est la sécurité, celle de sa personne et de ses biens. Or, force est de le constater l’immense vide laissé par l’Etat en maints endroits du territoire national. Jusqu’à Ségou, nous sommes en zone de sécurité relative ; au-delà de Ségou, nous sommes en zone d’insécurité absolue : des maires et des imams assassinés, des enfants qui ne fréquentent plus l’école, le narcotrafic plus florissant que jamais…
Ainsi, d’un côté, l’illusion d’un pays où « tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles » et, de l’autre côté, les manifestations de la déliquescence.
C’est dans ce contexte que nos autorités s’apprêtent à installer des autorités intérimaires. Pour ce faire, elles se prévalent d’un document qui, dans son intitulé porte le mot « Entente » : entente entre, d’une part, un gouvernement qui a renoncé à toute réflexion constructive pour avaliser tout ce qu’on lui présente comme solution et, d’autre part, des hommes sûrs d’arriver à leurs fins parce qu’ayant compris qu’ils n’ont pas, en face d’eux, des interlocuteurs de taille.
Il nous est arrivé une terrible aventure, dans le premier semestre de l’année 2012. Nous avions cru que nous nous en étions relevés. Ce fut, hélas, pour constater que nous avions été mis sous tutelle, que nous n’étions plus maîtres de notre destin, que d’autres, à Alger, Nouakchott, New-York ou Paris décidaient à notre place. Le navire tangue. Très dangereusement. Et, tel un désespéré, l’Etat s’agrippe à tout ce que l’on tend comme une bouée de sauvetage. A tout, y compris à ce qui est conçu pour le perdre. Sur le territoire national flottent deux drapeaux. L’Etat ne s’en offusque nullement. L’Etat est déclaré non grata en certaines parties du territoire national. Il ne s’en offusque pas.
Un parti politique a insisté là-dessus lors d’une de ses assises nationales : la seconde bataille de l’indépendance s’impose. Elle est à entreprendre ici et maintenant.
LA REDACTION