De notre accession à l’indépendance à ce jour, tous les présidents maliens ont eu à faire face à la rébellion des Kel Adagh, mais tous ne l’ont pas affronté de la même manière. Démocratie et dictature inspireraient-elles des réactions différentes face à la même crise qui menace l’existence de la Nation ? Les démocrates ont-ils été mieux inspirés que le Dictateur et son prédécesseur ?
Sous la Première République, la communication gouvernementale ne développait que les mots d’ordre du Parti. Aussi, est-ce dans un total mutisme que Modibo Keïta, avec des méthodes disproportionnées, a maté ce qui s’apparentait plus à une mutinerie de civils en rupture de ban avec la société qu’à une véritable rébellion. Il faudra attendre le 26 août 1964 pour que, à l’occasion d’une conférence de presse à Alger, répondant aux questions des journalistes, il donne d’amples informations sur cette première « rébellion » et sur la manière dont elle a été circonscrite.
Sous la Deuxième République, le chef de l’Etat, Moussa Traoré, est un militaire. Le 20 juin 1990 à 7 heures, il est informé des crimes odieux perpétrés à Tidermène et à Ménaka par Iyad Ag Ghaly et son commando. Il se garde de tout discours. Sa première réaction est de faire sécuriser la zone. Au ministre de la Défense deux instructions sont données : préparer une compagnie qui va sauter sur Ménaka avant midi, que les parachutistes restent sur le terrain en attendant le gros de la troupe. Deux compagnies de soldats sont déployées, une stratégie est arrêtée, les rebelles sont enserrés comme dans une nasse. Ils commettent la faute de se réfugier dans les grottes de Taïkarène. Ils y sont anéantis. En moins de quatre mois, la rébellion est terminée. Iyad Ag Ghaly, par l’intermédiaire de l’Algérie, demande à négocier.
Sous la troisième République, Alpha Oumar Konaré est débordé par la recrudescence de la rébellion qui, finalement, dégénère en une guerre civile avec des affrontements entre rebelles, le MPA contre l’ARLA, d’une part, entre communautés arabo-berbères et négro-africaines, le FPLA contre le MPGK, d’autre part. Lui aussi a deux réactions : un discours et un acte qui discrédite l’armée. Le discours est prononcé à Koulouba le 28 mai 1994. Il retient l’attention par sa longueur et le maniement de la période littéraire. Le 11 décembre, neuf partis politiques, à l’issue d’un meeting unitaire, lui remettent une déclaration lui demandant d’aller au-delà du discours pour « doter notre glorieuse armée de tous les moyens nécessaires, en priorité absolue, pour assurer la sécurité des biens et des personnes. »
L’appel ne sera pas entendu. Plutôt que de doter l’armée des moyens nécessaires, le pouvoir encourage la mutation du MPA en milice, l’arme pour le soutenir dans son combat contre l’ARLA. Finalement, la paix reviendra grâce à des hommes de bonne volonté comme le chef de village de Bourem, Alhéro Touré, l’aménokal des Oulliminden, Aroudeyni Ag Hamatou, l’Idnan Tarjirijit, Assutaltan Ag Almoghamar. C’est grâce à leurs efforts appuyés par la Communauté internationale que la cérémonie de la flamme de Tombouctou a pu être organisée.
Amadou Toumani Touré aura à gérer trois rébellions, celles de 2006 avec Hassan Ag Fagaga, celle de 2007, avec Ibrahim Ag Bahanga et celle de 2012, avec Bilal Ag Chérif et Mohamed Ag Najim. Il prolongera en l’accentuant les méthodes utilisées par son prédécesseur : le discours et le recours aux milices. Cela ne lui a pas réussi. (A suivre).
LA REDACTION
Personnellement je préfère la méthode du général Moussa Traoré. Une rébellion se matte. Mais il faut avoir les hommes et les équipements pour le faire bien entendu. Nous avons décrié le manque d’équipements en 2012 et avons déculpabilisés les militaires de leur débâcle.
Les putschistes ne feront pas mieux que ATT qu’ils ont chassé sous prétexte qu’il n’est pas à la hauteur. Aujourd’hui le constat est autre car le problème d’équipement ne peut pas être évoqué. Nous constatons que c’est un problème d’hommes. Nos soldats n’ont pas le moral de combattre mais ils ont un instinct de fuite.
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