Edito / Printemps arabes et retour de bâton

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Les officiers  veulent s’accrocher au pouvoir. C’est le moins qu’on puisse dire.  A travers d’abord la proposition constitutionnelle visant à laisser à l’armée la gestion exclusive de son organisation et de son budget. Donc un Etat dans l’Etat. A travers ensuite, le flou entretenu sur la  date de la future présidentielle prévue initialement en avril. Voici pourquoi  à une semaine des législatives pour lesquelles, selon les analystes, les Frères musulmans  paraissent les mieux placés. Mais depuis vendredi,  avec une trentaine de morts tués par balles réelles et des manifestants qui ne contrôlent plus leur courroux, Tahrir a cessé d’être la place conviviale où le peuple ornait de fleurs les tanks de Moubarak.

 Le maréchal Tantaoui a décidé d’écraser dans le sang les manifestants sortis à l’appel du mouvement du 6 avril, un des rassemblements les plus redoutés du rais déchu. Il est vrai que Tahrir y était allé un peu fort en demandant purement et simplement la démission du Csfa puis une gestion civile de la transition. Comment évoluera ce bras de fer est difficile à prédire.

 Les muscles d’une révolution ne sont jamais inextensibles et contre Moubarak l’Egypte les a beaucoup sollicités. Et puis, ce massacre de Tahrir survient à un moment où l’occident est perturbé par sa crise financière, inquiet de la zizanie libyenne,  médusé par les surenchères du boucher de Damas et paralysé devant le retour des islamistes par le boomerang des révolutions. Analystes et politiques, nous devons nous ajuster. Nous devons faire le départ entre islam et islamisme, distinguer entre ce qui relève de la posture identitaire et du fanatisme absolu. Le retour de bâton est une réalité en Tunisie. Il menace l’Egypte. Ironie du sort, même en Libye, Kadhafi peut revenir par les urnes  à travers les caciques des comités révolutionnaires qui auraient laissé pousser un peu de barbe.

 Et personne n’a vraiment d’antidote : l’opium marxiste est inopérant depuis la chute du mur de Berlin, les démocraties « élisent » leur nomenklatura et désertent les bidonvilles. Seule la mosquée a échappé à la dévaluation, politisant son message, ciblant la corruption et prônant plus de solidarité dans une société de plus en plus désemparée.          

Adam Thiam

 

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