Autoroute ou voie expresse, on ne se chamaillera pas là-dessus. Seules comptent la valeur, l’importance et la symbolique du projet. Bamako sera relié à Ségou par quatre voies longues chacune de plus de deux cent kilomètres, ceci dans cinq petites années et avec un coup de 180 milliards de nos francs. Certes pas des miettes car c’est le montant de l’enveloppe globale de la cession partielle de la Sotelma qui a financé une multitude de projets. Mais un investissement des plus structurants en raison de l’importance stratégique de l’axe et de la Région de Ségou qui jouera un rôle de plus en plus grand dans la sécurité alimentaire du pays.
Adam Thiam
Le pont de Wabaria est un bon exemple de cette polémique futile. De la même manière que nous saluons ce qui nous paraît bon, nous critiquons également ce qui nous paraît récusable. Et si nous critiquons souvent notre approche sur le Nord, c’est pour le Mali qui gagne. Le chaos n’étant pas une fatalité. Ce n’est pas la question de la sécurité que nous abordons ainsi car elle relève d’experts. C’est de l’insécurité que nous débattons et, elle, est l’affaire de tout le monde.
On ne devra pas oublier cependant que tout est parti de lui. Ce n’est pas un de ces projets qui étaient dans le pipeline depuis des quinquennats mais un des fruits de l’excellente coopération entre notre pays et la Chine. Nous le devons surtout à l’opiniâtreté d’ATT et cela doit être dit. Pour faire mieux, son successeur doit faire trois fois six voies entre Ségou et Mopti et ce jour là personne ne s’en plaindra et c’est le Mali qui y gagnera. Mais attention : dans cinq ans, pour être cohérents, les propagandistes d’aujourd’hui ne doivent pas dénier au président du jour de tirer gloire de la coupure de ruban de l’autoroute en question. Ils doivent se rappeler les inaugurations dont la communication a crée une polémique totalement inutile en son temps.
C’est un projet sans précédent dans notre pays et rare en Afrique. Nous l’applaudissons des deux mains. Nous n’hésiterons d’ailleurs jamais à applaudir un geste qui tire le pays vers le haut, d’où qu’il vienne et quelles que soient les raisons qui le motivent. La dialectique du pouvoir est telle que ce ne sera pas Amadou Toumani Touré qui réceptionnera le joyau dans cinq ans.