Edito : Peur sur la ville

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Said Djinnit, le représentant dakarois de Ban Ki Moon doit être au bord de la crise de nerfs. Et à travers lui, la communauté internationale qui avait multiplié les appels au calme dès au lendemain du scrutin du 27 juin.

  Il y a juste une dizaine de jours, le fonctionnaire onusien bouclait sa trente sixième visite à Conakry dont il a suivi et surveillé comme du lait sur le feu la transition depuis le coup d’état de décembre 2008. Et il avait dû, comme nous tous dire « Alhamdoullahi, le pire est passé et la Guinée nouvelle est en route ». Car après un taux de participation impressionnant, il y eut des résultats publiés avec une relative diligence dans le contexte africain. Pourtant, voilà que de la contestation au psychodrame, la Guinée nous donne les frayeurs redoutées. Tout d’abord par une marche des chemises rouges, les militants de Sidya Touré, protestant contre les résultats de la Ceni, criant au vol et appelant à la mobilisation pour barrer la route à l’imposture dénoncée. Ensuite,  dans les sites et dans les journaux, un événement insolite : le secrétaire général de la présidence, qui pour dédouaner le chef de la Transition, rappelle l’entretien entre Sékouba Konaté et le patron de la Ceni confirme que celui-ci était bien convaincu qu’il y  avait eu de grandes fraudes. Puis, l’infiltration des esprits surchauffés par les pro-Dadis demandant le retour immédiat du « patriote » exilé. Et enfin, la démission annoncée et publiée de Sékouba Konaté déçu et choqué. Heureusement, cette démission sera reconsidérée sous la plus forte pression que le Général ait probablement subie dans sa vie. Chefs d’Etat, Wade, Gbagbo, ATT qui en plus du coup de fil s’est rendu hier à Conakry pour lui exprimer sa solidarité, partenaires de la Guinée, société civile, partis politiques, mea culpa de Sidya Touré : tout aura été entrepris pour sauver la transition et le résultat est là. Sékouba Konaté tiendra encore pour quelque temps le gouvernail. Il est sans doute encore plus pressé de passer le témoin au président élu. Normalement à l’issue du scrutin du 18 juillet. Si celui-ci se tient à date. Et si les deux finalistes ne réclament pas chacun la victoire. Car la Guinée peut bien devenir un bateau ivre.     

Adam Thiam

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