L’onde de choc de ce qu’on appelle désormais au Mali le raid franco mauritanien n’est pas près de s’estomper. L’affaire a même pris, ce week-end, une tournure nouvelle avec la plainte de conseillers municipaux de Salem, la commune de la Région de Tombouctou où, précisément a eu lieu le raid du 22 juillet. Pour ces conseillers dont le porte-parole, un certain Sidi Ould Mohamed (identité révélée par la presse algérienne), l’expédition punitive aurait, sur le chemin du retour, enlevé et emporté avec eux, Cheikna Ould Bollah et Rabah Ould Bammoshi, de « paisibles bergers » qui, à ses dires, n’auraient rien à voir avec les Salafistes. Sur une radio étrangère, l’avocat des deux bergers qui ne rit pas, crie à la forfaiture et annonce avoir porté plainte contre les troupes françaises et mauritaniennes.
Devant quelle juridiction ? Ce n’est pas précisé mais on sait que ce n’est pas pour l’instant la CPI. En tout cas, Paris nie : personne n’a été enlevé durant ladite opération. De Nouakchott : aucune réaction. La dénégation française comme le silence mauritanien se comprennent toutes les deux.
Les autorités françaises, manifestement, cherchent à calmer le jeu. Après avoir durci le ton contre Aqmi, promis de durcir sa riposte contre ce chancre, préféré une ligne de communication qui donne Germaneau pour mort avant le 22 juillet, il est normal qu’il circonscrive toute polémique autour de ce raid très tôt qualifié par certains médias de méga-flop, la tête tombée n’étant pas visiblement celle d’Abu Zeid. Pour Nouakchott, ne pas démentir, c’est laisser croire que l’accusation est fondée. Il n’a aucune cure d’un improbable verdict malien.
D’abord, elle a déjà enlevé sur le territoire malien. Ensuite, il maintient la psychose dans les communautés qui vivent avec Aqmi et souvent grâce à Aqmi. Donc, pour la partie mauritanienne, tant pis si personne ne croit l’info sur l’enlèvement des bergers. Et tant mieux si c’est cru. Car son message rêve est le suivant : nul ne se sauvera en collaborant avec Aqmi.
Adam Thiam