Edito : Ouverture des classes sur fond d’amateurisme et de renoncement

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Alors que l’année scolaire 2021- 2022 s’est déroulée dans un climat apaisé grâce au sens élevé du devoir citoyen des enseignants et à l’esprit patriotique des syndicats,  qui ont sursoit à leurs revendications légitimes pour soutenir les autorités dans leur difficile, mais noble quête de souveraineté, de dignité et d’honneur, nous voici démarrer celle de 2022- 2023 sur fond de divergence entre les autorités et  les syndicats, d’une part et entre le gouvernement et les parents d’élèves, d’autre part, au sujet de la date de rentrée fixée au 16 septembre 2022, avant qu’il ne cède sous la pression, en la fixant au 3 octobre 2022. La question que tout bon citoyen se pose est celle de savoir qu’est ce qui fait courir le gouvernement dans tous les sens alors même que les conditions ne sont pas réunies et qu’il n’y aurait pas de feu à la demeure. L’amateurisme et le  populisme quand tu nous tiens. Le gouvernement veut faire croire aux maliens que son souci majeur est la bonne reprise de l’année scolaire. A-t-il consulté tous les acteurs de l’école avant de fixer la date de la rentrée ?  Les conditions matérielles, financières et humaines sont-elles réellement réunies pour une ouverture de classes  avant le mois d’octobre ? La météo a-t-elle annoncé la fin de l’hivernage avant le 16 septembre ? C’est certainement en répondant à ces questions qu’il s’est résolu à reporter au 3 octobre 2022.

En effet, après l’annonce de la date de rentrée des classes par le ministère de l’Education, via son secrétaire général, la vigoureuse réaction de certains syndicats comme le SNEC et d’une importante frange des parents d’élèves, ne s’est pas fait attendre. Ces deux acteurs majeurs de l’école malienne, après avoir exprimé leur incompréhension, voire leur indignation, se sont dits opposer à la date du 16 septembre, qu’il soit dit en passant, cette date  tombe sur un vendredi, la fin de la semaine.  Les raisons avancées par les syndicats et les parents d’élèves sont multiples et variées. Elles sont entre autres la saison pluvieuse entrainant la non disponibilité des salles de classes dans certaines zones et parfois des élèves ; qui sont des soutiens de taille à leurs parents, pour des travaux champêtres. A cela s’ajoutent  l’enclavement de certaines zones difficile d’accès en saison de pluies et de l’état calamiteux des voies d’accès. Une autre raison pourrait être le manque de ressources financières pour les fonctionnaires qui ne seront pas payés avant la reprise des classes et surtout   l’indisponibilité des céréales qui servent de monnaie d’échange pour certains parents d’élèves pour se procurer des fournitures scolaires, cahiers, stylos, tenue et même frais d’écolages de leurs progénitures. A la question de savoir si les conditions matérielles, financières, voire humaines sont réunies pour la rentrée des classes le 16 septembre 2022, la réponse est tout simplement non. C’est d’autant plus Non qu’il faudrait même s’interroger sur l’idée, voire l’ambition  qui se cachait derrière un tel projet qui n’arrangerait  ni les apprenants, ni les enseignants, ni les parents d’élèves encore moins l’Etat, dont le premier souci devrait être la préservation de l’unité nationale, de la paix et de la cohésion sociale.

Il nous est même revenu de constater  que les candidats admis au DEF, au CAP et au  BT ne sont pas orientés. Comment peut-on commencer l’année scolaire au niveau secondaire général et professionnel sans les 60 % des effectifs. Il  n’est jamais trop tard pour corriger une aussi grande bévue comme celle de la date  de la rentrée scolaire. Finalement la bonne mouche aurait piqué les autorités pour fixer la date au 3 octobre au grand bonheur des élèves, parents d’élèves et enseignants. Sinon la première date ne pouvait relever que  de l’amateurisme et du populisme. Donc Mme la ministre a fait  marche arrière en reportant sine die la rentrée au 3 octobre. Car en défiant les syndicats comme l’aurait  fait son homologue de la fonction publique et du dialogue social avec l’UNTM, elle exposerait les élèves, les parents d’élèves  et susciterait au sein des syndicats des enseignants une levée de bois vert ce qui compromettrait dangereusement l’année scolaire 2022- 2023.

Youssouf Sissoko

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